Chronique

Stéphane Carini

Les Alchimies discrètes d’Henri Crolla

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

Publiée par Frémeaux & Associés, cette biographie dédiée au guitariste Henri Crolla se lit d’un trait. Stéphane Carini, remarqué pour son ouvrage de référence Les Singularités flottantes de Wayne Shorter, fait preuve de détermination et nous transporte dans une époque pas si lointaine où les chansonniers et poètes se nourrissaient de jazz.

Il était temps de réhabiliter la mémoire de ce musicien autodidacte et surdoué. Débarqué à Paris avec sa famille en provenance d’Italie en 1922 alors qu’il n’avait que deux ans, Henri Crolla se passionne vite pour la mandoline et la guitare. Il devient rapidement connu et côtoie Django et sa constellation de musiciens manouches dans la décennie suivante. Stéphane Carini détaille consciencieusement la carrière de ce musicien singulier qui, à la fin de sa courte vie, ira jusqu’à donner des conseils à un jeune Jacques Higelin.

Henri Crolla est demandé, sa virtuosité impressionne mais c’est surtout la facilité avec laquelle il s’adapte à différentes communautés artistiques qui le rend incontournable. Le jazz, le music-hall, la chanson et en particulier sa collaboration avec Yves Montand le définissent comme un partenaire idéal, de même que son immersion dans l’accompagnement des poésies de Jacques Prévert. Les musiques de cinéma ne sont pas en reste : en témoigne la quantité de films réalisés où son nom s’accole souvent à celui d’André Hodeir. C’est aussi un musicien éclectique, très au fait de la musique contemporaine, que l’on découvre. On apprend ainsi en page 177 que Crolla finance le premier disque de Jean Barraqué qui en retour lui dédiera la partition de « Séquence ».

Joseph Carini, père de l’auteur et proche d’Henri Crolla, et Colette Crolla, épouse du guitariste, apportent leurs témoignages fondamentaux à Stéphane Carini qui signe là un livre essentiel.