Tribune

Steve Dalachinsky par Benjamin Duboc

Steve Dalachinsky nous a quittés. Il allait avoir 73 ans. Il a joué avec les plus grands. Sur son lit de mort, avec sa femme Yuko, il écoutait Jackie McLean, Monk, Coltrane, Taylor. Comme dirait Noël Akchoté, il est jazz.


Steve Dalachinsky à l’Archipel par Guy Sitruk

Benjamin Duboc

Steve Dalachinsky et Benjamin Duboc
par Franck Andrieux

Je me souviens de ma première rencontre avec Steve : il était venu avec sa femme Yuko nous écouter lors d’un concert en duo avec Didier Lasserre à la Guillotine, passionné instantanément, aimant déjà !

Moi…il m’avait fallu plusieurs années pour appréhender son humanité, j’avais quelques réticences : cet homme qui prenait toute cette place, qui parlait tant, si actif, si différent, caché peut-être derrière un masque pour se protéger… il m’avait fallu du temps pour l’aimer.

Comprendre son intimité qui ne pouvait se dévoiler qu’avec finesse, qu’avec le temps, entre les lignes.
Comprendre c’est prendre avec.
C’est peut-être moi qui me protégeais.

Vint notre premier concert tous les deux, à Jazz@home, et ses mots de présentation au public : « Benjamin, il ne m’aimait pas, j’espère que ça va bien se passer » !

Le concert fut un simple moment d’amour.

Je me souviens de tout ce que nous avons vécu, tous ces concerts, qui ne sont que des moyens d’éprouver le mouvement, des hommages au Vivant, avec toi Steve et d’autres musiciens et Yuko, puis Abdou ( Abdelhai Bennani) qui nous a quittés aussi il y a plusieurs années, ces grands hommes qui partent, une partie de moi, une partie de ma vie.

Je suis triste, j’ai pleuré sans pouvoir m’arrêter lorsque Franck Andrieux, que j’ai rencontré grâce à Steve, m’a annoncé la triste nouvelle.
Un vide, il me manque, il me manquera.
Aujourd’hui, sa place et ses mots, tous ses mots me manquent.
Il était la mémoire vivante de toute une histoire, celle du jazz.
Je jouais avec lui comme avec un saxophoniste, un batteur, les mots comme pour découper le temps, lui donner du rythme, cette façon qu’il avait de se positionner dans le temps.

Je suis triste, d’autres avec moi.
Je me souviens.

par // Publié le 29 septembre 2019