Chronique

The Shoeshiners Band

Alice Martinez (voc), Sylvain Avazeri (tp, tb), Ezequiel Celada (saxes, cl), Gabriel Manzaneque (g, blo), Olivier Lalauze (b), Stéphane Richard (dm)

Et une nouvelle livraison du studio « B » de Lionel Dandine, une ! Dans son antre buccorhodanien, le musicien/producteur s’est frotté à une forme de « vieux style », respectant le cahier des charges de la chanteuse Alice Martinez et de ses « cireurs de chaussures ». Car il en faut, de la brillance, pour donner à l’auditeur et au public une furieuse envie de danser. De fait, le projet des Shoeshiners renoue avec l’esprit d’un jazz comme musique de danse. Une certaine forme de véracité musicale donc : le sociologue jazzman Howard S. Becker ne parlait-il pas des musiciens de jazz comme « musiciens de danse » dans son classique « Outsiders » (1947) ? L’orchestre de jeunes gens issus des meilleures écoles de jazz régionales (quelques élèves de Jean-François Bonnel notamment) joue d’ailleurs souvent pour des sessions enfiévrées de lindy-hop. Heureux soient les danseurs qui peuvent ainsi exécuter leurs pas excentriques au son d’un groupe qui n’hésite pas à passer « The Preacher » de Horace Silver à la moulinette d’un son « middle jazz ».

Alice Martinez, véritable Peggy Lee provençale, sait jongler avec des registres vocaux divers pour titiller les orteils et les sens (elle s’exprime d’ailleurs dans un registre plus contemporain au sein du projet WindowS). Les arrangements toujours pertinents d’Ezéquiel Célada font rejaillir le timbre des vents (lui-même, toujours parfait, sait combiner ses anches avec Sylvain Avazeri, remarquable trompettiste/tromboniste) comme une fontaine de jouvence. Ils sont servis par une rythmique au taquet : Olivier Lalauze développe un bounce sans pareil à la contrebasse, Stéphane « Zef » Richard assure une batterie jubilatoire, saisissant la washboard à l’occasion, Gabriel Manzanèque assurant un jeu percussif à la guitare digne de Tal Farlow.
Alors dansez maintenant !