Chronique

Itamar Borochov

Arba

Itamar Borochov (tp), Rob Clearfield (p), Rick Rosato (b), Jay Sawyer (dm)

Label / Distribution : Greenleaf Music

Et de quatre (« Arba » en hébreu) pour le trompettiste d’origine israélienne établi à New-York. Sur ce quatrième disque en leader, Itamar Borochov se laisse aussi aller au chant avec un beau falsetto. Néanmoins, sa marque de fabrique, c’est la trompette quart de ton, instrument courant dans les musiques proche- et moyen-orientales. Cet instrument, qui permet de jouer les notes entre les notes, l’amène à déployer des récits à la fois épiques et intimes, dans des sonorités douces-amères.

S’il revendique la part holographique de ce nouveau recueil, principalement composé lors du confinement global de 2020 alors qu’il s’était retrouvé bloqué en Israël, il n’en reste pas moins fidèle au mode maqâm, ce registre musical arabo-persique qui met l’accent sur des intervalles de trois-quarts de ton déployés sur deux octaves. Le batteur, en particulier, sait se fondre dans ce qui forme une dialectique de la présence et de l’absence. Le groupe intègre des pans de ce patrimoine mezrahi (la culture des Juifs du Moyen-Orient) avec les meilleures intentions post-bop, retrouvant notamment la profondeur incantatoire des harmonies wayneshortériennes. On voudrait tellement que cette belle musique fût la bande-son de la paix et de la justice au Proche-Orient…

par Laurent Dussutour // Publié le 28 avril 2024
P.-S. :

Avec Avril Borochov (oud) et Amir Bar Akava (batterie).