Chronique

Adam Meckler Orchestra

Magnificent Madness

Adam Meckler (tp, arr, lead), personnel détaillé sur la jaquette

Label / Distribution : Ropeadope

Trop souvent dédaigné car soucieux d’accessibilité (il s’est retrouvé à accompagner ce qu’il reste des Four Tops ou des Temptations, ou encore Prince), à défaut de notoriété Adam Meckler est pourtant un trompettiste d’excellence. Timbre d’une justesse confondante et nuances imparables au service du collectif sont sa marque de fabrique. Et ce n’est pas parce qu’il se commet avec le marching-band hip-hop punky Young Blood Brass Band qu’il doit être considéré comme un fanfaron. C’est un trompettiste preacher qui, pour sa prise de poste comme enseignant à l’université du Michigan, a mené un projet sur « Le jazz comme musique de protestation ».
Ainsi capé, il a réuni un orchestre de 17 musiciens, conviant aussi rappeurs (on aimerait les textes, ils ont vraiment l’air en colère) et chanteuses gospel (car il faut mobiliser). À la première écoute, on se dit qu’il faut du lourd pour se réchauffer dans le froid Midwest. Du binaire pour battre le pavé pendant les manifs hivernales Black Lives Matter. Mais la subtilité n’est pas la moindre des qualités de Meckner en tant que chef d’orchestre. Il sait mettre en musique des beats hip-hop en proposant de belles nuances, ou jouer des codes de la tradition en déconstruisant un bon vieux shuffle par des collectives et des breaks qui ne sont pas sans rappeler l’orchestre de son illustre prédecesseur des seventies, Don Ellis. Quand son collègue d’instrument Rex Richardson le rejoint sur un morceau, ça tue comme seul le funk peut tuer.
Pas étonnant qu’il soit signé par la maison Ropeadope, dont le boss vient d’annoncer que son label continuera contre vents et marées à déployer son « style renégat » au service de la justice sociale et de la solidarité.