Chronique

Tribeqa

Experiment

Josselin Quentin (balafon), Etienne Arnoux-Moreau (g), Jonas le Fillastre (platines)

Label / Distribution : Underdog Records

On se souviendra sûrement de la venue rafraîchissante, en 2008, du premier album de la formation nantaise, puis de la confirmation de son succès avec Qolors sorti en 2010. Invités nombreux et enthousiastes (membres d’Hocus Pocus ou de PuppetMastaz, Harouna Dembélé, Magic Malik, entre autres), musique inventive et jaillissante, naturellement métissée, et surtout − souvenir toujours vivace après bien des années −, ces voix d’enfants qui donnaient à leur musique − à dominante acoustique − l’accent du quotidien, la couleur d’un bonheur simple vécu au fond d’une cour, joyeuse fantaisie africaine qui se mettait à résonner soudain dans les rues.

Aujourd’hui quintette réduit à un trio, des invités moins inspirés, moins de fraîcheur dans l’inspiration, font que Tribeqa peine à soulever le même enthousiasme. Gimmicks hendrixiens, vibraphones aux accents toujours aussi africains, scratchs disséminés dans tout le disque, ne suffisent plus à générer de mouvement véritablement fédérateur. La spontanéité du groove s’est quelque peu tarie. Aussi, y a-t-il paradoxalement trop peu d’accidents, ou trop peu de risques, dans cet enregistrement au son trop maîtrisé. Même les raps, qui s’invitent de temps en temps, offrent un flow sans conviction.

La disco-synthétique des années 80, l’électro-disco des années 2000, ont, chacune à leur façon, cherché à faire sentir toute la chaleur que les machines étaient capables de produire − alors même que les musiciens qui en jouaient n’avaient plus forcément à donner l’exemple par de fiévreux déhanchements −, or le trio qui intègre désormais Jonas le Fillastre aux platines semble seulement s’appliquer à retrouver la formule. Heureusement, bien souvent un album, et sans doute encore plus celui-ci puisqu’il en porte le nom, est une expérimentation qui attend son issue sur la scène : ainsi y a-t-il fort à parier que devant leur public les choses en seront tout autrement. Au bout de leurs doigts, et avec le soutien de la foule, viendra se glisser à nouveau le levier décisif.