Chronique

XXL

Des enchantés du bocal

David Suissa (voc, comp), Michel Molines (b), Fabien Rodriguez (dms, perc, Rhodes), Éric Prost (ts, arr), Simon Girard (tb), Boris Pokora (as), Thibault François (g),

On peut dire, sans prendre le risque de se tromper, que ce disque est un enchantement, et pas seulement en raison d’un titre dont le sens double n’aura échappé à personne. Le bocal peut désigner en effet l’une des pièces d’un saxophone aussi bien que la tête en langage familier. On connaissait les fêlés du bocal, ceux qui laissent passer la lumière, accueillons les enchantés, tout aussi éclairés.

XXL, c’est une formation réunie par Éric Prost qui s’est emparé des compositions du chanteur lyonnais David Suissa. Le saxophoniste, autrefois membre du Collectif MU, membre de l’Amazing Keystone Big Band, par ailleurs co-fondateur du Crescent à Mâcon, a su mobiliser les forces d’un ensemble débordant de sève pour donner naissance à un projet dont on ne peut que saluer le caractère fougueux et totalement réjouissant.

Il faut dire que les « histoires » de Suissa sont une mine : tour à tour poétiques, amoureuses, humoristiques et existentielles, engagées dans un vision critique de notre environnement politique (ah les mensonges de Cahuzac en introduction de « Libertum » évoquant la campagne électorale d’un maître-nageur !), quand elles ne sont pas des appels à la liberté, toutes se prêtent à merveille à une multiplication des climats musicaux. Et sont donc un stimulant parfait au service du talent d’arrangeur d’Éric Prost. Le jazz orchestral de XXL, tout en souffle, vient cligner de l’œil à un rock puissant (« Libertum ») autant qu’au Charleston (« Straycats ») ; il peut aussi revêtir des couleurs ellingtoniennes, comme si les musiciens étaient deux fois plus nombreux, avant de s’échapper un temps du côté du free (« Quand je me perds »), chanter en chœur pour mieux respirer (« Momi »). Ou encore aller faire un tour ailleurs, dans une ballade qui finit par s’abandonner à une inspiration plus orientale, presque mystique, percussions en avant et saxophone hanté, pour culminer vers ce qui est sans doute le sommet du disque (« À l’unisson »).

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David Suissa, jongleur de mots et amoureux des allitérations (« laisse les rats nourrir les scélérats »), survole l’ensemble avec aplomb et charisme pendant que les solistes s’en donnent à cœur joie, membres actifs d’une fanfare déjantée bien que sous contrôle : Simon Girard au trombone, Boris Pokora au saxophone alto, Michel Molines à la contrebasse, Fabien Rodriguez à la batterie et Thibault François à la guitare. Éric Prost n’est pas en reste, lui dont la verve et le jeu habité rayonnent à la moindre occasion (« Momi » ou le magistral « À l’unisson »). Certains de ses arrangements – il réalise avec ce disque un travail d’orfèvre – viennent aussi rappeler sa présence régulière aux côtés de Christian Vander (la dernière partie de « Obsession » et ses échos à la musique de Magma).

On l’aura compris, Des enchantés du bocal est une heureuse surprise. En raison tout d’abord de ses qualités musicales intrinsèques et de la richesse des inspirations qui la nourrissent, mais aussi par sa manière de faire souffler une brise revigorante sur le « chant jazz ». Ici, on ne cède pas à la tentation d’un scat trop appliqué comme cela arrive bien souvent. Mieux, on trouve peu de références à des modèles existants. David Suissa, conteur et auteur de nouvelles chantées, se présente tel qu’en lui-même, showman très à l’aise dans l’écrin que lui fournissent Éric Prost et sa bande d’amis. Ce disque laisse deviner des concerts explosifs ! À suivre donc…