Adrien Chicot

Allez savoir si, à l’instar de bien des musiciens, nos temps de pandémie et de confinement ont suscité chez Adrien Chicot un puissant désir de revivre en musique au plus profond de son être après de longs mois de silence forcé… Toujours est-il que Babyland, son quatrième album enregistré en janvier 2021 [1], est habité d’une exultation qui vous emporte instantanément dans son tourbillon heureux. Pour ce nouveau rendez-vous, le pianiste délaisse sa formule fétiche en trio et choisit de s’entourer d’une formation qui accomplit un véritable sans-faute en matière d’équilibre des forces. Autour d’une cellule rythmique bondissante composée du fidèle Sylvain Romano à la contrebasse et d’Antoine Paganotti à la batterie, de nouvelles et chaudes couleurs prennent place grâce au saxophone de Ricardo Izquierdo et à la trompette de Julien Alour.

Les huit compositions, toutes originales, s’enchaînent au long d’un album très solaire, avec un naturel charmeur. Il y a ici une forme heureuse de perfection tranquille et un climat de sérénité qui vous renvoient aux belles heures du label Blue Note. Herbie Hancock, Wayne Shorter ou Freddie Hubbard ne sont jamais bien loin et nul ne s’en plaindra, il faut bien le reconnaître. Quant à la flûte de l’invité Christophe Dal Sasso, elle résonne des échos pas si lointains de la musique d’un Pharoah Sanders. Adrien Chicot, toujours aux aguets, est rayonnant de vivacité et d’humanité quand il convoque des souvenirs d’enfance, partage ses rêves et sa fougue, voyage en Afrique et au Japon, ou lorsqu’il s’offre une courte escapade en solitaire.

Babyland suscite l’enchantement, on l’aura compris. Il marque aussi un temps fort dans le parcours d’un musicien qu’on suit depuis pas mal d’années déjà et qu’on avait pu repérer aux côtés de Samy Thiébault, du temps de A Feast Of Friends notamment. Son épanouissement est un réel plaisir pour tous et une forte incitation à ne pas le perdre de vue. Il peut compter sur nous pour cela.