Chronique

Alessandro Presti Quintet

Halaesa

Alessandro Presti (tp), Daniele Tittarelli (as), Alessandro Lanzoni (p), Gabriele Evangelista (b), Francesco Ciniglio (dms)

Label / Distribution : CamJazz/Harmonia Mundi

L’une des lignes éditoriales du label CamJazz est centrée sur la production de jeunes artistes émergents. Les noms d’Alessandro Presti et des membres de son quintet ne nous sont, tout du moins de ce côté des Alpes, pas familiers.

Ces jeunes musiciens (la trentaine pour faire simple), s’avèrent être de la jeune garde italienne, à qui les aînés font confiance comme le montrent les collaborations de Daniele Tittarelli et Gabriele Evangelista avec Enrico Rava (respectivement sur le répertoire On The Dance Floor pour le premier, ou Tribe et Wild Dance pour le second), ou celles du pianiste Alessandro Lanzoni avec Lee Konitz ou Aldo Romano. Confiance justifiée à l’écoute de leur jeu et du naturel avec lequel ils s’expriment dans un idiome hard-bop, avec le souci néanmoins d’éviter de rendre une copie propre, mais au contraire de moderniser ce langage, d’y apporter de la fraîcheur. C’est le cas, et si certaines compositions peuvent sembler de prime abord assez classiques, la part d’improvisation où prime le travail de distorsion par l’intensité exercé sur les mélodies – ce que d’aucuns appellent le jouage - montre qu’il y a là de bonnes raisons de s’enthousiasmer.

Dans la continuité de thèmes joliment harmonisés par la trompette et le saxophone se déploient les interventions personnelles, qui donnent lieu à de très beaux moments, les solistes ayant le bon goût de ne pas dérouler scolairement leur savoir-jouer. Ils font au contraire montre d’audace dans le phrasé et l’articulation de leur propos, avec un impeccable soutien rythmique. En outre, la prise de son équilibrée rend justice aux sonorités complémentaires, respectivement brillante et ouatée, d’Alessandro Presti et Daniele Tittarelli.

Au fil des écoutes, la relative sagesse de ce disque s’efface devant le plaisir que procure le jeu collectif mouvant du quintet, et nous amène à recommander sans réserve la découverte (ou redécouverte) de cette équipe qui, n’en doutons pas, a de belles choses à dire, et dont il faudra surveiller les venues à venir.