Chronique

Amin Al Aiedy

Shams

Amin Al Aiedy (oud), Vincent Forestier (p), Jean Waché (b), Mathéo Ciesla (dm)

Label / Distribution : Musiques en balade

Dès son enfance, Amin Al Aiedy est bercé par le discours mélodique de l’oud, instrument musical phare de la culture arabe. Son père Fawzy Al Aiedy, spécialiste de cet instrument, arrive en France en 1971 après des études à l’Institut de Musique de Bagdad où il étudie la musique traditionnelle arabe ainsi que la musique occidentale. Il devient l’un des précurseurs de l’oriental jazz et l’Académie Charles Cros lui décerne un coup de cœur pour son album Chansons de France et Miroir d’Arabie, Noces-Bayna.

Amin Al Aiedy ne pouvait être à meilleure école ; il obtient une licence de musicologie après avoir étudié à l’Université et au Conservatoire de Strasbourg. Son Diplôme d’Études Musicales de contrebasse en poche, il traverse ensuite la Méditerranée afin d’étudier la musique orientale tout en enseignant la contrebasse et le jazz à l’Institut Supérieur de Musique de Tunis. Son retour en France en 2020 le conduit naturellement à fonder le quartet Shams - soleil en langue arabe - dont l’étymologie indienne signifie « d’une grande beauté ».

Le discours harmonique du piano de Vincent Forestier se transforme, s’adapte au discours purement mélodique de l’oud et à ses successions très rapides de notes. Ce pianiste virtuose est tout aussi à l’aise avec un orchestre symphonique qu’avec la musique de chambre qu’il pratique en particulier avec les soeurs Julie et Camille Berthollet. Sa musicalité s’extériorise pleinement dans « Bambi ».
Jean Waché , dont les expériences musicales l’ont mené des musiques traditionnelles au jazz, marque le tempo de façon dynamique. Sa connivence rythmique avec Mathéo Ciesla, connu pour son groupe Diaspora 5tet, est réussie.
Le jeu varié d’Amin Al Aiedy évite une occidentalisation trop prévisible lorsque le jazz s’exprime par les voix de ses partenaires : il vise un équilibre, comme dans « Snow On Baghdad ». Son exigence le conduit à improviser sur des canevas nuancés sans jamais tomber dans cette émotion artistique que l’on associe souvent à la musique orientale. Il fait preuve d’une maîtrise instrumentale doublée de son expérience d’arrangeur musical.

Shams allie l’élégance et la vigueur, miroirs d’une acculturation où les frontières sont abolies. L’oud y est mis en valeur, bien soutenu par des instruments issus de traditions exogènes.