Entretien

Ari Hoenig

Le batteur qui n’en finit pas de gravir les sommets

Peu de musiciens se sont élevés aussi rapidement au sommet du monde du jazz que le faire le batteur Ari Hoenig.

Né en 1973 à Philadelphie de parents musiciens, il poursuit ses études à l’université de Denton (Texas) où il sera adoubé par Ed Soph, avec qui il parfait son éducation musicale et fait quelques enregistrements.

En 1996, il se lance dans une aventure vigoureuse et toujours d’actualité avec le trio du pianiste Jean-Michel Pilc, où la fusion avec le contrebassiste François Moutin ravit par sn groove herculéen. Après l’enregistrement de plusieurs morceaux sur le dernier album du saxophoniste Julien Lourau (The Rise), c’est à l’occasion de la sortie, en août dernier, de son deuxième album solo (de batterie uniquement), The Life of a Day, qu’Ari Hoenig nous accueille pour une interview.

« Ce qui compte, c’est l’apprentissage ! » (Ari Hoenig)

  • Bonjour Ari !

Salut Jimmy !

  • Etant donné que tu as pas mal baroudé grâce à la musique, pourrais-tu nous dire quelle est la ville des Etats-Unis qui t’a semblé musicalement la plus active ?

Les activités musicales sont présentes presque partout
aux Etats-Unis. Il n’appartient qu’à vous de rencontrer des gens et faire des sessions, des rencontres. Les trois villes où j’ai passé le plus clair de mon temps sont : Philadelphie, Denton et New York. Tous ces endroits regorgent de jam sessions, scènes ouvertes avec des thèmes précis, etc. Mais s’il n’y avait aucun concert près de chez moi, j’irais où il faut !

  • Quels sont les musiciens qui t’ont le plus marqué ? Et quelle est la rencontre qui t’a le plus ravi ?
Ari Hoenig par JimBoom

Tous les groupes, tous les musiciens m’ont influencé,
mais davantage les groupes que les musiciens en particulier. En premier, je dirais le groupe de Wynton [Marsalis] avec Jeff Watts, Marcus Roberts ou Kenny Kirkland. Ensuite, le trio de Keith Jarrett et
bien entendu John Coltrane et tout l’héritage qu’il nous a laissé avec McCoy [Tyner] et Elvin Jones et aussi Miles Davis, particulièrement avec Tony Williams. Pour les grandes influences de mon jeu, il y a aussi Bill Stewart, Earl Harvin, Ahmir Thompson(jeu plutôt roots), Dave Lombardo (un tueur !), Tomas Haakke, John Roberts, Keith Carlock, Zach Danziger, Ali Jackson, ou encore Square Pusher et bien d’autres, mais la liste serait interminable.

  • J’ai pu me rendre compte lors de l’un de tes concerts en France avec le trio de Jean-Michel Pilc qu’une énergie débordante vous animait. François Moutin, à la contrebasse, a fini le concert trempé ! Ce trio te demande beaucoup d’énergie ?

Oui, effectivement c’est un tour de force, ce trio ! Mais
cela ne ressemble jamais à du travail. Si je suis dans la musique, c’est que la musique me fait oublier toutes les barrières physiques. L’âme de ce trio est un noyau d’audace et de finesse.

  • Pratiques-tu d’autres instruments de musique ? Des percussions de type congas ou djembé ?

Je pratique un peu le piano, qui offre beaucoup
de possibilités au point de vue du rythme, de l’harmonie et de la mélodie, et ceci pour tous les musiciens. J’ai aussi travaillé les timbales d’orchestres et quelques autres percussions classiques dans le passé, mais jamais les congas ou le djembé.

  • Quel est le set de percussions que tu utilises le plus souvent ? Ou celui que tu préfères ?

J’utilise quatre toms fabriqués sur commande, une grosse caisse de 16 pouces Ludwig, deux toms de 12 et 14 pouces Yamaha en érable et une caisse claire Ayotte. J’utilise des cymbales Zildjian et Dragon Meinl.

  • Quelles techniques de batterie ont été difficiles pour toi ? Quelle(s) oeuvre(s) pour batterie solo as-tu travaillées ?

Je ne peux pas dire que l’un ou l’autre a été plus difficile. Tout dépend du niveau qu’on veut atteindre. Je me souviens d’avoir étudié des oeuvres pour caisse claire que j’ai vraiment appréciées de Cirone et Wilcoxen.

  • Peux-tu nous expliquer comment tu travailles l’improvisation ?
Ari Hoenig par Jos L. Knaepen

C’est une question difficile, mais pour moi ce qui se produit dans l’improvisation c’est juste une chose qui vous touche et vous donne la créativité et les émotions suffisantes, avec d’autres, à un moment donné.

  • On peut remarquer sur ton album solo des inspirations Jungle, entre autres musiques dites « électroniques », mais travailles-tu avec des machines ? Que penses-tu des musiques électroniques ?

Je ne fais pas réellement de musique avec
l’électronique, mais je suis influencé par la musique électronique, j’expérimente. J’ai joué avec des séquenceurs et des DJs à plusieurs reprises et je trouve ce milieu très ouvert, très orienté vers la créativité .

  • Que penses-tu de la musique sur Internet et de sa diffusion ?

Pourquoi pas ? Du moment que l’on respecte les artistes
et les gens qui fournissent un travail, que tout le monde y trouve son compte.

  • Quels conseils pourrais-tu donner aux musiciens débutants ?

Ici, aucun grand secret ! Ecoutez ! Jouez ! Travaillez
avec des disques, entretenez un rapport intime avec la musique.

  • As-tu encore le temps de travailler ton instrument ?

Je pratique toujours dès que l’occasion se présente mais
j’ai de plus en plus tndance à composer au piano.

  • Enfin, vu que nous sommes en fin d’année et que c’est l’époque des résolutions, quels sont tes projets ?

Actuellement, mon travail se focalise sur des compositions en tant que leader pour un quartet composé de Jean-Michel
Pilc au piano, Jacques Schwartz-Bart au saxophone ténor et Matt Penman à la basse. Enfin j’espère sortir très prochainement un album avec cet ensemble.

  • Merci Ari et j’espère te voir jouer bientôt en France ou ailleurs !

Merci pour votre intérêt, et pour vous tenir au courant de mes activités, obtenir plus d’informations, visitez mon site Internet : www.arihoenig.com

Interview réalisée pour Percussions.org - Brooklyn (New York-USA)

par Jimmy Braun // Publié le 15 février 2003
P.-S. :

Quelques références et liens sonores à découvrir :

  • Ari Hoenig Solo -« The Life of a Day » Ah Ha Records 2002
  • James Hurt - « Dark Grooves - Mystical Rhythms » Blue Note 1999
  • Julien Lourau - « The Rise » Label Bleu 2002
  • Kenny Werner - « Beat Degeneration » Night Bird Music 2002
  • Jean-Michel Pilc - « Welcome Home » (Dreyfus
    Jazz)
  • Mike Stern- Video « Live at the 55 Bar » Ritor Music
  • Richard Bona-« Reverence » Columbia-Sony Music - 2001