Chronique

Berset, Pfammater, Losavio

À vol d’oiseau

Florestan Berset (g), Francesco Losavio (b), Norbert Pfammater (d).

Label / Distribution : Fundacja Słuchaj

Jeune pousse suisse né du côté de La Chaud-de-Fonds comme Samuel Blaser, le guitariste Florestan Berset démontre de la vigueur de la scène suisse. On avait croisé Berset dans une édition de Jazz à Luz où il se produisait avec Gerry Hemingway, mais c’est avec un autre vétéran des fûts, son compatriote Norbert Pfammatter, qu’il a fondé ce trio qui signe chez les polonais de la Fundacia Słuchaj un premier album prometteur, À vol d’oiseau. Un nom qui fleure bon la liberté de ton et de mouvement, fût-il minimal comme on l’entend dans « A », une ouverture où la sécheresse de la guitare se confronte à la contrebasse de Francesco Losavio, qui fait aussi miracle dans la régularité de son jeu, face à un batteur plein de trouvailles. « A » est un morceau qu’on entend de manière parcellaire dans Antomology, un album que Berset avait enregistré il y a quelques années aux côtés de Noël Akchoté.

La guitare de Berset s’intègre à ce paysage aride qu’une prise au vent peut sitôt enflammer. Le jeu caniculaire de Berset en est le comburant parfait, son jeu aride qui fait songer à Csaba Palotaï ou Marc-Antoine Perrio n’y est pas étranger et perdure dans un « M » fortement marqué par un blues alcalin que conduit une base rythmique sans fioritures. Dans un morceau comme « À vol d’oiseau » , le jeu devient plus chahuteur et heurté, même si la régularité de la contrebasse garde un cap que Norbert Pfammatter tente de faire dévier ; la parole devient alors plus urgente malgré le flegme de Losavio. L’embrasement de la guitare, aussi soudain qu’impitoyable, prend ses racines dans un psychédélisme mesuré qui fera songer de loin en loin à l’imaginaire de Pink Floyd.

Lorsqu’elle s’affole, la guitare fait entrer le trio dans une autre dimension : « Space Two », le morceau de l’album qui concentre le plus de tension, met face à Berset la contrebasse de Losavio, passé à l’archet. Les textures très granuleuses du morceau, le jeu soudainement plus musculeux de Norbert Pfammatter offrent de nouveaux horizons qu’il conviendra d’étudier avec davantage d’acuité dans les aventures prochaines de cet orchestre.

par Franpi Barriaux // Publié le 30 juin 2024
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