Chronique

Chris McGregor’s Brotherhood of Breath

Travelling Somewhere

Harry Beckett, Mark Charig, Mongezi Feza (tp), Nick Evans, Malcolm Griffiths (tb), Mike Osborne, Dudu Pukwana (as) Evan Parker, Gary Windo (ts), Chris McGregor (p), Harry Miller (b), Louis Moholo (d)

Label / Distribution : Cuneiform Records/Orkhêstra

Cet enregistrement inédit de ce big band résultant de la fusion du groupe sud africain les Blues Notes avec des improvisateurs londoniens date de 1973 . Presque 30 ans plus tard, ça fait toujours grand plaisir à entendre, même si le son n’est pas super, le piano est déréglé et les improvisations collectives sont un peu unidimensionnelles.

Les solistes varient des très « in » Osborne ou Griffiths, aux très « out » Pukwana et Feza, tandis que McGregor joue avec une économie, abstraction et angularité Monkiennes. Tous toujours propulsé sans relâche par Moholo, qui a un jeu de grosse caisse et une attaque de cymbales très particuliers. Le groupe a collectivement les pieds plantés aussi bien dans le jazz, le rhythm ‘n’ blues et le free. Se rencontrent alors des morceaux tout à fait swinguants comme Think of Something et d’autres tout à fait frees comme The Bride.

Le premier morceau est immense, un pur bonheur : MRA de Pukwana. Il s’ouvre sur une mélodie radieuse qui est joyeusement soutenue par Moholo. Ensuite, parties écrites se transforment progressivement en improvisations collectives et vice-versa. Tout au long de l’album, les distinctions entre les parties écrites et les parties improvisées ne sont jamais nettes, mais plutôt définies pendant l’exécution même du morceau, mettant la liberté au centre de la musique. La transition de Think of Something à Do It et les riffs d’accompagnement improvisés semés tout au long de l’album sont des exemples de cette forme d’arrangement spontanée.

De manières fort différentes, des morceaux comme Ismite is Might et Do It montrent McGregor en tant que compositeur, cherchant des thèmes majestueux et épiques. Ismite is Might est un hymne visant une profondeur d’âme, sans improvisation. Do It par contre, est un 6/8 très rapide, mais avec un thème basé sur un riff tout aussi majestueux. Je note finalement Kongi’s Theme de Wole Soyinka, un morceau avec une première partie festive et entraînante, rythmée de manière militaire par la caisse claire, suivie d’une deuxième partie inattendue, au feeling plus latin et triste.