Chronique

Christian Casoni

Juke. 110 portraits de bluesmen

Label / Distribution : Le Mot et le Reste

Voici un livre dont il faut lire l’avertissement au lecteur. Car l’auteur (c’est son nom) y explique les choses à savoir sur Juke :
Que ce livre doit se lire par petites doses, un portrait par jour maximum, en dehors des repas.
Que les 110 portraits de bluesmen et blueswomen sont classés n’importe comment, mais surtout par la date du premier enregistrement de chacun.e (ce qui revient au même).
Que l’auteur (il parle de lui à la troisième personne) considère que Louis VI dit le Gros était fait cocu par le rock’n’roll.

Pour le reste, il s’agit d’une fantasque et fantastique collection de notices biographiques (ou carrément des nécrologies, on peut le dire) rédigées avec humour et détachement, comme pour tenter de cacher un amour profond pour cette musique à douze cases (bien essayé !). On n’y croit pas une seule seconde et on surpasse facilement la dose prescrite plus haut, tant cette passion pour la musique et ses interprètes se fait contagieuse.
On trouve aussi un index à la fin (si on cherche un.e musicien.ne en particulier) ainsi qu’un entretien avec Bruce Iglauer, fondateur du label Alligator, à propos d’un sujet hyper important : « Bluesmen noirs, producteurs juifs »…
Et puis, la notice de mon préféré Snooks Eaglin s’ouvre sur « Snooks est un musicien extraordinaire. Question style, il est assez difficile à suivre, comme tous ceux qui ont vécu dans le grand bazar néo-orléanais, transgresseur des orthodoxies musicales. »
Amen.