Chronique

Louis Atangana

Billie H.

Label / Distribution : Editions du Rouergue

Ce court roman sur l’enfance et l’adolescence d’Eleanora FaganBillie Holiday - a deux mérites. Celui d’appréhender les premières années de la chanteuse sous un angle large, aussi bien historique que sociologique, et celui de raconter sans lourdeur les désolants aléas de sa vie. Bien rythmé, le récit se lit avec plaisir. Les personnages y parlent un langage fleuri, représentatif du début du XXe siècle. L’auteur aime à planter les décors, une scène après l’autre, avec un certain systématisme dans les évocations poétiques des brises d’automne et des soleils flamboyants. Mais seulement dans les rares moments de légèreté.

Car Louis Atangana colle aux faits, malgré de rares entorses à la chronologie. On suit pas à pas, à partir de 1924, les aventures de cette gamine débrouillarde et chamailleuse qui, élevée dans la pauvreté, le racisme et la peur, vit l’inventaire sordide de son époque dangereuse : violences, alcool, drogue, viol, prison, misère, maladie. Le roman étant très « visuel », on comprend bien pourquoi et comment Eleanora est devenue l’immense chanteuse, sombre et éclatante à la fois, que l’on admire pour sa voix éraillée et ses choix de textes lourds de sens.

Il faut noter le travail de précision de l’auteur qui, à force de recherches, s’appuie sur des détails pertinents, et saluer sa décision de s’arrêter à la première séance d’enregistrement, organisée par John Hammond en 1933. Car dès lors, Eleanora devient Billie Holiday, et ce n’est plus le sujet du livre. On pourrait conclure en disant que Billie H. est une belle histoire, mais ce serait faire insulte à la mémoire de la diva. On dira donc que c’est un livre à recommander.