Chronique

Daniel Humair

Bonus Boom

Daniel Humair (d), Sébastien Boisseau (b), Manu Codjia (g), Matthieu Donarier (ss, ts), Christophe Monniot (saxs, K Station kbd)

Label / Distribution : Bee Jazz

Avec Bonus Boom, Daniel Humair remet le couvert pour l’alléchante table déjà dressée avec Baby Boom, à l’occasion de ses soixante-dix ans, dont cinquante d’aventures jazzistiques diverses. Cinq ans après le premier opus, les acolytes du batteur ont pris tant de galons que le projet ressemble à présent à un super-groupe à la française. Bonus Boom est, de fait, un parfait exemple d’équilibre entre longue expérience et jeunesse de l’art. Une formule quasi idéale.

Ce disque ressemble un peu à sa pochette, joyeux pèle-mêle labyrinthique et coloré. Commençons par la reprise de « Mood Indigo », occasion de quelques réjouissantes tensions. On poursuivra avec « Aus de Banana », plus calme, où Humair module la tension des peaux pour exposer un petit thème à la batterie.

Bonus Boom n’est qu’énergie. Tous participent aux compositions, dans une sorte de collectivisme manifestement séminal. Sébastien Boisseau, Christophe Monniot et Matthieu Donarier proposent chacun un thème (respectivement « Bergen », « Direction Technopole » et l’excellent « Butterfly Me (Butterfly You) », très surprenant), on reprend deux fois « Good Mood » de Joachim Kühn, Manu Codjia fait crisser ses cordes et insuffle beaucoup d’électricité dans cette musique qui ne semble jamais à cours d’idées. Fuyant l’académisme, la petite équipe se consacre essentiellement, comme le note Lionel Eskenazi dans les Dernières Nouvelles du Jazz, au mood, c’est-à-dire « la touche, (…) le façonnage, (…) la couleur, (…) le malaxage de la pâte sonore. » Tout le monde propose des ingrédients à plonger dans le chaudron où la musique entre en ébullition. Jamais abstrait, toujours incandescent, Bonus Boom devrait vous accompagner longtemps.