Scènes

Daniel Mille Quartet

concert rennais de l’accordéoniste


Daniel MILLE Quartet
RENNES. MJC Bréquigny
Mercredi 16 octobre 2002

Daniel Mille (accordéon, accordina), Jean-Christophe Maillard (g, p, voc), Christophe Wallemme (cb), Pascal Rey (perc).

Le concert était donné dans le cadre du « Grand Soufflet », festival d’accordéon en Ille et Vilaine du 9 au 19 octobre 2002.

« Les Minots », premier morceau, est une complainte avec séquençage de voix d’enfants, dans une ambiance proche de Yann Tiersen, comme un film imaginaire.

S’ensuivit un morceau beaucoup plus rythmé, « Les errances d’une valse », nouveau titre d« un morceau appelé autrefois »Nation« car composé place de la Nation, à Paris. Qui mettra des paroles sur une mélodie qui se prête si bien au chant ? »Novembre« enchaîné avec »Entre chien et loup« , titre album. Plus que le piano du pauvre, l’accordéon me semble être l’orgue du pauvre. Parfois même, il peut sonner comme les grandes orgues de Saint-Eustache (église parisienne où l’organiste, Maître Guillou, donne des concerts gratuits très prisés chaque dimanche après-midi). J’ai appris depuis ce concert qu’à ses débuts, au XIX° siècle, l’accordéon fut un instrument de musique religieuse. Comme quoi, il faut parfois se fier à ses impressions. Et dire qu’une musique si belle ne passe pour ainsi dire jamais à la radio ! Dans quel désert vivons nous… »Tous les deux" composition de Maillard et Mille. Il est manifestement beaucoup plus facile de trouver une mélodie qu’un titre. Ces musiciens ont l’art de décoller et de remettre un coup de rein pour aller toujours plus haut.

Bruits de cinéma. La bande se déroule. Aux auditeurs d’imaginer leurs images sur ce fond musical. Après la folie du morceau précédent, retour à la ballade. Daniel Mille joue de l’accordina, instrument hybride entre accordéon et harmonica. Cette musique est bouleversante, renversante.

Pendant que Daniel Mille entame son solo d’accordéon, le contrebassiste essuie doucement les cordes de son instrument avec un chiffon. On reste dans une ambiance cinématographique, celle d’un film français en noir et blanc des années 50 avec le loufiat qui essuie les verres après la fermeture du café. Morceau uniquement en solo mais quel morceau de solo comme disent les Anglais !

Autre ballade mais cette fois ci en quartette. Mille siffle la mélodie en même temps qu’il la joue. Un air de printemps passe en cette soirée d’automne. Le guitariste est un excellent accompagnateur mais me convainc moins comme soliste. Bireli Lagrène peut rivaliser d’invention, de virtuosité avec Richard Galliano. Pas Jean-Christophe Maillard avec Daniel Mille. Mais ce sont d’excellents complices musicaux.

Rappels

« Estate » en duo contrebasse/accordina. A tomber. « Le rappel, ce n’est pas gagné tous les soirs. Ce qui fait que chaque soir, je passe plus de temps à me demander s’il y aura un rappel qu’à me demander ce que je jouerai pour le rappel » (Daniel Mille). Une nouvelle ballade en quartette. Mille a repris l’accordéon. Il mérite qu’on lui accorde bien mieux que l’aumône (cf Serge Gainsbourg). Il est même capable de faire le bruit de la mer avec son instrument. Bonne idée en Bretagne.

Pour finir joyeusement, une espèce de scat avec onomatopées, claquements de langues, percussions. C’est la brève reprise d’un morceau joué au début du concert et qui pulse particulièrement.