Chronique

Datadyr

Woolgathering

Øystein Høynes (b), Amund Nordstrøm (dm), Odd Erlend Mikkelsen (g) + Ketil Møster (ts), Mathis Marstrander (g)

Label / Distribution : Is It Jazz records ?

Frais émoulus de la Grieg Academy de Bergen en Norvège, Øystein Høynes, Amund Nordstrøm et Odd Erlend Mikkelsen nous gratifient du fruit de leurs études musicales avec ce premier enregistrement réalisé en une journée dans des conditions proches du live et revendiquées comme telles.
Pour répondre d’emblée à la question posée par le nom du label (Is It Jazz records ?) et rassurer nos lecteurs les plus farouches : oui, sans conteste. Même si le groupe se réclame des extrêmes dans sa communication et si l’album a retenu l’attention de nos collègues de bureau à l’hygiène un peu douteuse (les chroniqueurs de rock progressif), la culture jazz au sens le plus stricte du terme est bien présente : les trois musiciens en maîtrisent parfaitement le langage et rendent même un hommage caché au « Straight No Chaser » de Thelonious Monk (le morceau « Datadyr » en est une paraphrase). S’il en était besoin, l’argument ultime pour faire taire les plus chafouins : le contrebassiste improvise.
Certaines inflexions de la guitare de Odd Erlend Mikkelsen nous évoquent John Scofield dans ses disques avec Martin, Medeski et Wood. Ketil Møster, saxophoniste invité sur deux titres, nous enchante avec des envolées qu’un Dewey Redman n’aurait pas reniées.
L’album est court (un tout petit peu au-delà de la demi-heure) et en l’espace de sept titres, le trio doit foncer à tout berzingue, rendre chaque minute utile pour nous faire profiter de tous les paysages de leurs affections esthétiques (jazz-rock, ballade hawaïenne, blues, progressif…). On ne s’ennuie jamais.
Woolgathering, par sa fougue et sa fraîcheur, est un disque que l’on a envie de remettre sur la platine.