

María Grand, Marta Sánchez
Anohin
María Grand (ts, voc), Marta Sánchez (p).
Label / Distribution : Biophilia Records
En janvier dernier, Citizenjazz mettait la saxophoniste suisso-argentine María Grand à l’honneur avec un grand entretien dans lequel elle évoquait ce duo avec la pianiste Marta Sánchez. S’il est donc inutile de la représenter, rappelons tout de même pour les plus distraits sa présence discrète mais essentielle dans l’équipe du magnifique Code Girl de Mary Halvorson.
D’une certaine manière, on pourrait dire qu’Anohin est un disque de free-jazz au sens colemanien du terme. Pas dans ce que l’on entend, mais dans son esprit. Il y a de la pulsation, de l’écriture (la saxophoniste signe sept des huit titres de l’album), mais la liberté – l’improvisation - se place toujours au-dessus des conventions musicales. À l’intérieur des morceaux, les virages sont nombreux et surprenants, contrecarrant les structures téléphonées.
Ce qui frappe d’emblée chez María Grand, c’est la similarité de jeu entre le saxophone et le chant. Le ténor va chercher dans ses aigus pour se fondre avec la tessiture de la voix avec une affection certaine pour les intervalles acrobatiques. À l’image d’un Chet Baker (mais dans une esthétique différente) dont on pouvait confondre le chant et la trompette, la musicienne ne se laisse jamais diriger par son outil. À ses côtés, Marta Sánchez développe un langage rythmique très virtuose, dégingandé, sur le fil, en réaction instantanée aux propositions de sa collègue.
Anohin est un album qui dégage une grande sérénité, aux fragilités assumées et magnifiées, qui réussit à allier spontanéité et maturité du discours.