Scènes

Dave Douglas à Souillac, sans le soleil exactement

Quand il pleut sur un festival en plein air…


Cet été, contre les prévisions météo d’une journée pluvieuse, Souillac en Jazz a voulu faire front pour présenter dans son plus bel écrin le concert de Dave Douglas. Chronique d’une journée incertaine.

Le temps était plutôt hostile vendredi 22 juillet dans le nord du Lot. D’épais nuages bouchaient le ciel et semblaient vouloir s’installer durablement. Mais pas une goutte et, si les prévisions météo donnaient de la pluie dans l’après-midi, elles prévoyaient aussi que le ciel se dégagerait en fin de journée. Les organisateurs débattaient donc afin de savoir si le concert de Dave Douglas devait se tenir en extérieur - le cadre devant l’abbatiale médiévale est splendide - ou en intérieur. Et là, pour le coup, la solution de repli est désagréable. Vers midi, la décision tombe en même temps qu’une explosion de joie dans la ville : le concert se fera en extérieur. La cinquantaine de bénévoles apprête donc la place Pierre-Betz afin de recevoir au mieux le trompettiste américain selon le principe que meilleur est l’accueil, plus beau sera le concert.

Dans l’après-midi, comme prévu, le temps se gâte. Il pleut. D’abord quelques gouttes. Puis une pluie battante. Les vacanciers désertent les terrasses, sortent les K-way et les essuie-glace balaient en continu les pare-brise. Sombres mines dans l’organisation car, au fur et à mesure que la journée avance, la perspective que le ciel se dégage recule. La balance est reportée une fois, deux fois, trois fois. Et puis, à près de 20 heures, la décision tombe. Tout le concert sera déménagé en intérieur. Il reste à peine plus d’une heure pour installer une structure qui nécessite, en temps normal, au moins cinq heures. Bien entendu, tous les bénévoles et les techniciens sont sur le pont, ainsi que tous ceux qui veulent prêter un coup de main (des amis, des amis d’amis, des conjoints, des spectateurs, un chroniqueur…).

Vers 22 h, avec un retard conséquent, Robert Peyrillou, Président du festival, explique que « ben… oui, on est désolé… et bien embêté… mais que… les prévisions météo… ». En fait, il n’y a pas à argumenter. Juste constater que cette équipe a, contre vents et marées, convoqué la danse du soleil - en vain certes, mais faire appel à l’incantation pour que la magie de la musique soit démultipliée par une voûte étoilée, quel beau défi.

La balance fut faite, approximativement, sur le premier morceau ; l’éclairage, dans la hâte, mal ficelé ; les sièges disposés tant bien que mal, la coupure entre deux sets supprimée (pour le coup, tant mieux). En fin de compte, en dépit d’un accueil improvisé, Dave Douglas a donné un superbe concert qui a effacé les péripéties rocambolesques d’un déménagement peu ordinaire.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 31 juillet 2016
P.-S. :

Dave Douglas (tp), Ian Chang (d), Jonathan Maron (b), Shigeto (machines)