Chronique

Doriz & Pastre

The Lionel Hampton/Illinois Jacquet Ceremony

Dany Doriz (vibes), Michel Pastre (ts), César Pastre (elp), Didier Dorise (dm)

Label / Distribution : Frémeaux & Associés

Et si la tradition, c’était comme le cochon ? Si tout y était bon ? Tel est le message que semblent vouloir nous transmettre les cats réunis ici. Une affaire de famille, réunissant les Pastre père (sax-hero de classe internationale) et fils (fabuleux organiste), le vibraphoniste Dany Doriz (le boss du Caveau de la Huchette, sanctuaire du jazz « trad ») et le batteur Didier Dorise - presque un homonyme donc, à moins que ce ne soit vraiment le fils du précédent qui, pour se démarquer de quelque héritage, aurait décidé d’orthographier son patronyme différemment… On sait les musiciens de jazz friands de ces jeux avec leur identité ! L’héritage revendiqué, en tout cas, est celui des joutes légendaires qui réunirent Lionel Hampton au vibraphone et Illinois Jacquet au sax ténor : deux géants du jazz qui œuvrèrent sans relâche pour la cause des Noirs américains, avant même le développement des luttes pour les droits civiques.

En renouant avec la geste émancipatrice de ces génies musicaux, le quartet réuni ici s’en donne à cœur joie dans un répertoire qui, loin de se contenter du « middle-jazz », s’empare autant du be-bop (« The Chase », de Dexter Gordon) que de la pop (« Isn’t She Lovely » de Stevie Wonder, avec sa pentatonique magique qui fait mouche à tous les coups). Avec son instrumentation inédite, le groupe déploie un swing langoureux qui attise le désir. Si vous n’étreignez pas tendrement votre partenaire dans les bras sur la version mid-tempo de « Body & Soul », et plus si affinités… consultez !