Chronique

Dunes

Dunes

Simon Riou (as), Sylvain Rey (p), Corto Falempin (d, perc)

Label / Distribution : Autoproduction

Tout commence à Toulouse où Sylvain Rey, Simon Riou et Corto Falempin se sont rencontrés. Ces trois-là y ont étudié, jammé, s’y sont produits et ont développé nombre d’idées. Tout commence à Toulouse, donc, et s’est poursuivi dans les Pyrénées puisqu’Arthur Guyard, pianiste brillantissime, a quitté les rues bruyantes, l’agitation urbaine et posé ses valises dans un tout petit village du piémont pyrénéen. Ni Luchon, ni Bagnères de Bigorre… Non : un village isolé où l’on peut se recentrer et s’affranchir des normes et des conventions. On sait que la culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. C’est justement chez Arthur Guyard que les trois de Dunes ont choisi d’enregistrer.

Dunes, c’est précisément trois musiciens qui ont appris comme il faut, fait leurs gammes comme il sied et, forts de ce bagage, ont décidé de malaxer tout ce qu’ils ont appris et pratiqué pour proposer un répertoire créatif bien comme il faut. En guise de piano, il faut entendre un « piano étendu ». Quant aux percussions, ce sont mille et un petits objets qui font « bing », « clic », « splash » au gré des petits heurts que Corto Falempin leur fait subir. Le saxophone a un son de saxophone. Pas de bizarrerie ici mais il se faufile plein de malices à travers cette matière sonore qui contribue fortement à l’imaginaire débridé et salvateur qui sort de la tête de ces trois inventeurs de sons et de sens.

Un répertoire un peu foutraque, à l’image de ce que peuvent proposer Anticyclone trio (ou L’Oiseau ravage, sa version en duo), le Trio d’en bas, Pulcinella (le groupe qui a très certainement ouvert tous les possibles de cette création à tout va sur la scène toulousaine) et on peut même imaginer que Dunes est en filiation directe avec les musiques géniales que proposent Sylvain Darrifourcq ou encore Toma Gouband, deux musiciens qui ont fait une partie de leur apprentissage dans la Ville Rose. Bref, il y aurait comme un terrain favorable que ça n’étonnerait personne.

Répertoire foutraque ? Encore que… car parmi les huit pistes qui constituent l’album, Dunes reprend « All Blues » et « Blue in Green », deux standards du jazz, tout deux publiés en 1959 dans Kind of Blue de Miles Davis. Si, bien entendu, ils revisitent ces deux morceaux avec bruitages et approche déconstruite, il n’en reste pas moins que leur interprétation est jubilatoire. Peut-être parce que Dunes est un album particulièrement réussi ? Ce n’est certainement pas la seule explication mais il est sûr que cela y contribue considérablement.

par Gilles Gaujarengues // Publié le 19 mars 2023
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