Chronique

Duo reflections

Sans titre

Sylvain Rey (p), Leandro López-Nussa (g), Carla Gaudré (ss on track 6)

Label / Distribution : Troisième Face

Ils sont deux et proposent un premier album où instruments - piano et guitare - et musiciens se réfléchissent mutuellement. Ce n’est évidemment pas la première fois qu’un album est organisé ainsi et ni Sylvain Rey, ni Leandro López-Nussa ne prétendent à l’exclusivité. Reste que l’un et l’autre se connaissent et se pratiquent depuis longtemps. Non pas qu’ils aient derrière eux une carrière phénoménale – ils ont à peine passé la cinquantaine à eux deux – mais ils ont noué depuis l’école – en l’occurrence la fac de musicologie de Toulouse Mirail – une complicité musicale qui restait à publier. C’est chose faite avec ce premier album.

La forme est certes répandue mais l’orchestration est originale. En effet, les duos piano – guitare ne sont pas nombreux. On a certes en tête celui qu’ont composé Pat Metheny et Brad Mehldau mais ce serait plutôt du côté de Bill Evans que le duo toulousain va puiser nombre de ses ressources. D’ailleurs deux des reprises qui figurent sur ce disque sont signées ou co-signées par le pianiste américain. En outre, le répertoire hors album contient « Blue in Green », morceau qui, s’il est crédité Miles Davis, pourrait avoir été écrit par Bill Evans. La référence est bien entendu prestigieuse et on s’arrêtera là. Ce serait risquer de décrire ce disque comme une pâle imitation, ce qu’il n’est pas, loin de là. Car les deux musiciens développent une patte qui est avant tout la leur et, hormis « Oui si », une revisite de « Wee See » de Monk, qui ouvre le disque de manière plutôt tonitruante, l’album est avant tout feutré, délicat, retenu. Une évanescence qui lui donne un cachet presque onirique. « P.T.A.K.F.A.S.L. », morceau à partir de deux ballades de Duke Ellington écrit par le duo ainsi que par Denis Badault qui a en outre assuré la direction artistique de l’album, est ainsi fait. Tout comme « Saturne », superbe composition de Leandro LZpez-Nussa sur laquelle vogue le saxophone soprano de Carla Gaudré. Voguer… d’ailleurs, s’il ne fallait retenir qu’un terme, ce serait bien celui-ci.