Chronique

Eric Legnini Trio

Big Boogaloo

Eric Legnini (p), Franck Agulhon (d), Mathias Allamane (b) avec Rosario Bonaccorso (b), Stéphane Belmondo (tp, bugle) et Julien Lourau (ts).

Label / Distribution : Label Bleu

Après l’énergique et groovy Miss Soul l’année dernière, Eric Legnini place son deuxième opus chez Label Bleu sous les auspices funky : Big Boogaloo, du nom de cette danse en vogue dans les années 60 qui piochait dans la soul et autres avatars du rhythm’n blues.

Les sept titres de Legnini indiquent clairement la direction de l’album : « Funky Dilla », « Honky Cookie », « Soul Brother »… Quant aux cinq autres, ils oscillent entre standards – « Where Is The Love », « Smoke Gets In Your Eyes », « Goin Out Of My Head » – et quasi-classiques : « Reflection » de Ray Bryant, autre pianiste au groove profond, et « The Preacher », thème puissant de Les McCann.

Aux fidèles Franck Agulhon à la batterie, et Matthieu Allamane ou Rosario Bonaccorso à la contrebasse, déjà présents sur Miss Soul, le pianiste belge a ajouté Julien Lourau et Stéphane Belmondo pour étoffer les couleurs de quatre morceaux.

Le maître mot ici, c’est le groove : faut que ça balance ! Et que ce soit sur ses propres thèmes, qui confirment son talent de compositeur, ou sur ceux des autres, le pianiste prouve une fois de plus qu’il est redoutablement habile à ce jeu-là. Une main gauche rythmique qui place des accords « hancockiens » pour renforcer le groove et une main droite d’une vivacité exceptionnelle : tantôt en tête de mélodie, tantôt à l’unisson de la main gauche, tantôt en contrepoint des soufflants… elle est partout !

Les lignes profondes, régulières et sûres d’Allamane et de Bonaccorso servent parfaitement la musique de Legnini, et les solos d’Allamane, dans le registre médium-grave, révèlent un son naturel et boisé particulièrement agréable. Une fois de plus, Agulhon est remarquable en tous points et son drive galvanisant. Une indépendance parfaite lui permet d’assurer un groove puissant sur les peaux et de marier son jeu de cymbale, léger, varié et mélodieux, aux discours des solistes.

Quant aux deux invités, ils ne sont pas non plus en reste. A la trompette ou au bugle, Belmondo impressionne par sa maîtrise de l’ambiance : des phrases chaloupées pour les passages funky, des improvisations feutrées et sans niaiseries pour les ballades, ou des variations dans une veine hard-bop pour un morceau plus classique. Lourau intervient sur deux titres et son sens de la danse - effets de shouters, son dirty, swing, fluidité… - fait merveille.

Big Boogaloo vaut assurément le détour et devrait plaire à la plupart des auditeurs, du « jazzophile » qui retrouvera l’esprit d’Herbie Hancock au « jazzophobe » qui se laissera porter par la danse…

  1. « Funky Dilla », Eric Legnini (3’18).
  2. « Nightfall », Eric Legnini (3’28).
  3. « Trastevere », Eric Legnini (4’36).
  4. « Big Boogaloo », Eric Legnini (5’25).
  5. « Reflection », Ray Bryant (3’53).
  6. « Where Is The Love », CaseyClarkeFinchWright (5’20).
  7. « Smoke Gets In Your Eyes », HabbachKern (4’50).
  8. « Honky Cookie », Eric Legnini (2’54).
  9. « Goin’ Out Of My Head », RandazzoWeinstein (4’24).
  10. « Mojito Forever », Eric Legnini (4’45).
  11. « Soul Brother », Eric Legnini (6’00).
  12. « The Preacher », Les McCann (4’17).