Eric Legnini

Eric Legnini est de ces artistes qui perfectionnent leur art au fil d’une discographie méticuleusement soignée. Chez lui, tout y est : virtuosité, maîtrise du son, sens de la composition, et un nombre de collaborations impressionnant par sa diversité et sa qualité. Débordant d’idées qu’il sait toujours restituer avec clarté, et réorientant à chaque fois son point de vue, le musicien n’a jamais fait deux fois le même disque. Un nouvel album d’Eric Legnini est donc en soi toujours un événement. Ce Waxx Up ne déroge pas à la règle et ajoute une nouvelle pierre à l’édifice.

Avec ce disque l’immersion dans la planète soul est totale. Les sonorités typiquement jazz que l’on pouvait entendre dans le trio du pianiste ou les deux très bons albums réalisés avec l’Afro Jazz Beat, sont ici moins marquées, davantage suggérées, au gré d’une musique qui en assume néanmoins pleinement l’héritage. Dans une interprétation magistrale, avec un son soigné comme il se doit - le style ne pardonne pas le moindre écart sur ce point - le musicien endosse le rôle de producteur et fait de chaque titre une collaboration intime. En effet, les morceaux semblent construits à l’attention des artistes conviés qui une fois encore ne manquent pas, puisque sur quinze titres, trois seulement n’ont pas d’invité. La chanteuse canadienne Michelle Willis pose sa voix sur pas moins de quatre titres. « The Wire », avec Ibrahim Maalouf, ajoute cette touche électronique subtilement mélangée aux mélodies du pianiste. Et de belles surprises, comme le désormais single « Despair » avec Yael Naim, ou encore « Night Birds » avec Matthieu Boogaerts qui révèle ici une nouvelle corde (vocale) à son arc.

La voie ouverte par Herbie Hancock est ici brillamment renouvelée, et ce Waxx Up constitue une excellente nouvelle pour les amateurs de soul music, très loin des contrefaçons qui ont malmené le genre ces dernières années, particulièrement dans l’Hexagone.