Esperanza Spalding

12 Little Spells

Distribution / Label : Concord/Universal Music

L’a-t-on perdue pour le jazz, cette formidable bassiste qui, il n’y a pas si longtemps que cela, tenait la contrebasse dans un jazzwomen allstars avec Geri Allen au piano et Terri Lyne Carrington à la batterie ?
Celle qui chantait « On the Sunny Side of the Street » devant Barack Obama à la Maison Blanche ?
Ou alors son « jazz » participe-t-il de la bande-son de ces temps disruptifs, alors que l’oligarchie de son pays disjoncte plus que jamais ?
Depuis son précédent opus, créé en direct sur les réseaux sociaux en 2017, sa musique s’oriente vers une pop expérimentale résolument organique. En l’occurrence, chacune des compositions de ce septième album est dédiée à une partie du corps - c’est peut-être dans cette quête de la corporalité que réside la part jazzistique de cet essai. Quelques effluves soul et psychédéliques parsèment les propositions… et sa voix mezzo-soprano de s’élever entre la pudeur de Joni Mitchell et la malice de Björk, cependant que les quatre cordes de sa basse résonnent d’une spiritualité dansante. Étrange et envoûtant.