Chronique

United 5tet

Perspective 2

Hirokazu Ishida (as, ss), José Caparros (tp), Bruno Bellemin (g), Jean-Marie Carniel (b), Philippe Méjean (dm)

Un gang de vieux briscards varois (avec un… Parisien ?!) a recruté un mercenaire japonais pour faire un casse de jazz orienté hard bop.

Cinq compositions du saxophoniste, cinq du trompettiste et deux du guitariste.
Le jeu de José Caparros, par ailleurs responsable de la classe de jazz au conservatoire de Toulon, est empreint de phrases mélancoliques à la Chet et lorgne parfois vers un humour savant à la Freddie Hubbard, voire vers la moiteur d’un Lee Morgan.
Quant à Hirokadu Ishida, qui fait depuis longtemps des allers-retours entre l’Europe et l’archipel nippon, son jeu à l’alto - par sa sonorité qui cisaille - le place dans l’héritage d’un Jackie Mc Lean cependant qu’au soprano il semble emprunter au phrasé romantique d’un Dave Liebman. Quand ils s’expriment en section, les deux vents se font tantôt cajoleurs comme une douce brise marine sur la rade, tantôt rageurs comme le mistral.

Le guitariste Bruno Bellemin, expert es-Wes Montgomery, sait s’immiscer malicieusement, avec une délicatesse fiévreuse, entre les propositions des soufflants. Quant à la rythmique, Jean-Marie Carniel [1] déploie des régalades de contrebasse lyrique et funky et le batteur Philippe Méjean maîtrise la cymbale ride et emporte l’adhésion sur des échanges en quatre-quatre de tueur.

Un sens de la philia aristotélicienne imprègne l’album, enregistré par le pianiste-claviériste-producteur dans son Studio B. de Fuveau. Entre bienveillance et hospitalité réciproque, cette équipe de braqueurs de swing et de groove, au goût doux-amer comme une olive cassée, sollicite une écoute cathartique mais fait aussi monter la température, pourvoyant des hymnes dansants à souhait.

par Laurent Dussutour // Publié le 21 juin 2020
P.-S. :

[1Géniteur du pianiste Enzo - dont on connaît la carrière fulgurante - et du batteur David, par ailleurs kiné des jazzeux phocéens.