Chronique

Blossom Dearie

The lost sessions from the Netherlands

Blossom Dearie (p, voc), divers musiciens

Label / Distribution : Fondamenta

Ah Blossom Dearie ! Sa voix de fillette et de grand-mère étreint le cœur plus que jamais sur ces enregistrements réalisés pour des radios hollandaises entre 1968 et 1989. Si le travail de restauration des bandes doit ici être salué, c’est néanmoins l’art jazzistique ô combien subtil de la chanteuse-pianiste qui doit mériter toute l’attention.
Cet art de l’effacement, le tenait-elle de ses rencontres fructueuses avec les tenants du jazz « cool » au mitan des années soixante (on sait que Miles Davis l’invita à partager la scène du Birdland, et qu’elle évolua dans les cercles de Gil Evans ou de Lee Konitz entre autres) ? Ou n’était-ce pas quelque jeu avec les codes du virilisme de la part d’une maîtresse femme qui refusait ne serait-ce que d’entendre le bruit de verres s’entrechoquant dans les clubs où elle se produisait ?

On retrouve dans ces plages son côté canaille (le fait qu’elle côtoya longuement l’inénarrable Bob Dorough n’y est sans doute pas pour rien), dû à son grand sens du blues, paradoxalement encore plus flagrant lorsqu’elle est accompagnée par un orchestre symphonique. De même son appétence pour la pop-music, genre qu’elle ne dédaignait pas, loin de là (au point de rendre hommage à John Lennon).
Et quand elle scattait, ses échappées d’onomatopées parsemaient le ciel d’étoiles. Toutes ces sensations musicales sont bien réunies dans ce document d’exception.