Chronique

Evan Christopher & Fapy Lafertin

A Summit in Paris

Evan Christopher (cl), Fapy Lafertin (g), David Kelbie (g), Sébastien Girardot (b)

Label / Distribution : Camille Production

Mélanger le gumbo et le niglo ? C’est possible, nous dit ce gang cosmopolite réuni sous les auspices de Sidney Bechet et Django Reinhardt. Entre le bâton de réglisse (la clarinette) d’Evan Christopher, qui continue sa quête créole bien au-delà des horizons de sa Nouvelle-Orléans d’origine, et la guitare Selmer de Fapy Lafertin, ce sont des trésors de swing qui se déploient. Ils n’ont pas à rougir de leurs compositions, qui se hissent sans effort au niveau de celles de leurs aînés. Convoquant les mânes de Louis Armstrong ou de Duke Ellington entre autres, ils nous invitent à les rejoindre autour d’un feu de camp nourri par les étincelles jaillissant des guitares et le souffle méphitique de la clarinette. La pompe manouche est assurée à la guitare électrique par le gypsy traveller David Kelbie, boss du label british étrangement nommé leJazzletal, dont le long compagnonnage avec Lafertin succède à des sessions précédentes aux côtés des Maîtres Manouches Stochelo Rosenberg et Raphaël Fays.

Entre l’humidité boisée de la clarinette et la chaleur sèche des guitares, le répertoire évolue dans une sarabande swinguante aux accents canailles. La contrebasse, tenue d’une main magistrale par l’Australien Sébastien Girardot, avec son jeu gorgé de swing, prend une part non négligeable dans l’espace sonore, notamment au détour d’une belle performance de slap sur « Swing That Music » d’Armstrong. Sans autre prétention que de mélanger des formes de jazz trop souvent dédaignées, les membres de ce groupe font montre d’une dignité musicale remarquable, assumant leur patrimoine avec sincérité.