Chronique

Fabien Mary

Three Horns Two Rhythm

Fabien Mary (tp), Steve Davis (tb), Chris Byars (ts & fl), Frank Basile (bs), David Wong (b), Pete Van Nostrand (dm)

Label / Distribution : Elabeth

Le talent de Fabien Mary n’est plus un secret pour personne. Après des études de classique puis de jazz, il joue avec les plus grands et collectionne dans ses jeunes années les récompenses les plus prestigieuses de la profession. A 37 ans, il sort son sixième album, Three Horns Two Rhythm, sur lequel il affiche sa volonté de faire la part belle aux vents.

Le morceau d’ouverture est allumé par le roulement de la ligne de basse. On la voit dessiner les allers-retours de l’aiguille d’un métronome, balayant tout l’espace de droite à gauche, puis de gauche à droite. La batterie soutient ; la première entité, Two Rhythm, peut éclore. Aussitôt les soufflants annoncent la couleur, une couleur hard bop évidente, avec la silhouette d’Art Blakey en arrière-plan et des frottements harmoniques de « Blue Train ». Ce premier titre, « Trips and Quads », expose toutes les armes de Fabien Mary, notamment le blues, son langage de prédilection, mais aussi et surtout sa plume. Thèmes, interludes, backs, tutti, tout est très écrit et magistralement agencé ; en cela on retrouve l’esprit de Four and Four (2008). Les changements de métriques et de swing rappellent les enregistrements de Lee Morgan à son apogée. Chaque cuivre prend un solo, les présentations sont faites.

Les titres s’enchaînent avec jubilation ; on passe d’une atmosphère à une autre en gardant l’éclat des cuivres comme fil rouge. Les voix s’enchevêtrent et se répondent, et on a parfois l’impression que les Three Horns sont en fait un big band. Exception faite de « Lament » (de J.J. Johnson), tous les morceaux sont signés Fabien Mary, particulièrement bien entouré pour les interpréter, tant du côté des soufflants que de la rythmique : on remarque notamment la contrebasse ronde et extrêmement précise de David Wong.

On peut donc voir ici un bel hommage aux grandes heures et aux grands noms du jazz. Les références foisonnent : Tadd Dameron avec « Ydal Drib » (« Lady Bird » sens dessus dessous), Horace Silver dans la coda de « Lament », et Kenny Dorham, omniprésent dans le jeu et le son de Fabien Mary.