Chronique

Festen

B-Sides

Damien Fleau (ts), Jean Kapsa (p), Oliver Degabriele (elb), Maxime Fleau (dms).

Label / Distribution : Jazz Family

La bande des quatre poursuit son chemin avec une sorte d’assurance tranquille. Après trois albums dont le récent Mad System salué ici-même, Festen fait entendre une fois de plus sa « petite musique », celle qu’on suit avec attention depuis plus de six ans maintenant. On ne trouvera pas vraiment de nouveautés dans ce B-Sides disponible à la fois en vinyle et sous forme numérique. Soit un format court qu’on appelle EP, avec deux faces d’une dizaine de minutes chacune. On peut y écouter les versions live de trois titres du dernier disque (« Black Rain », « We Are » et « In Motion » avec pour ce dernier Isabel Sörling en invitée), enregistrées au mois d’avril 2016 au Café de la Danse, auxquelles vient s’ajouter un inédit en studio, « Shadow Boxing ». Une composition connue depuis deux ans à l’occasion du tournage d’un clip vidéo.

Il est d’usage, pour ne pas dire banal, de qualifier de cinématographique la musique composée et jouée par Damien Fleau, Jean Kapsa, Oliver Degabriele et Maxime Fleau. Sans doute parce que tous les quatre sont des amoureux du cinéma et aiment lui rendre hommage : le nom du groupe est tiré du film du Danois Thomas Vinterberg ; Festen n’hésite pas par ailleurs à revisiter des thèmes de B.O., tels ceux signés Hans Zimmer ou Ennio Morricone sur leur précédent disque. Très probablement aussi parce que leur musique est de celles qui projettent beaucoup d’images et veulent écrire un road movie urbain, en prise avec les noirceurs mais aussi les espoirs de notre époque (ce que traduit « We Are », une composition écrite après les attentats parisiens de novembre 2015). Mais peut-être serait-on plus avisé de souligner avant tout l’énergie assez brute qui la parcourt et sa façon de préférer sans complexe la ligne droite aux sinuosités. C’est là l’héritage d’un amour collectif pour quelques grandes figures du rock (Nirvana, Pearl Jam, Queens Of The Stone Age, …). La frappe souvent binaire de Maxime Fleau et le recours désormais presque exclusif d’Oliver Degabriele à la basse électrique constituent les armes privilégiées de l’explosivité d’un jazz qui aime passer en force. Les scansions hypnotiques du piano de Jean Kapsa, le souffle puissant et sans détour de Damien Fleau expriment de leur côté avec une même conviction la générosité d’un quatuor qu’on est heureux de voir grandir au fil du temps. B-Sides est une occasion supplémentaire de faire sa connaissance.