Chronique

Gérard Régnier

L’Histoire des Zazous

Label / Distribution : Harmattan

Les Zazous sont ces jeunes gens colorés et bigarrés qui ont fait couler beaucoup d’encre pendant l’Occupation par leur attitude jugée contraires aux canons pétainistes et/ou nazis, et encore après par l’image qu’ils ont laissée dans l’inconscient collectif.
Ces personnages « coiffés d’un fromage mou », dont la nonchalance tenait du python en digestion, depuis leur bastion de Saint-Germain-des-Prés, étaient-ils vraiment aussi résistants, aussi swing, aussi importants qu’on se l’imagine ? Et quel lien avaient-ils avec le swing, le jazz, les musiques et soirées interdites ?

Ces questions, et bien d’autres encore, Gérard Régnier les traite une par une dans ce petit livre très documenté et qui met à jour une bonne fois pour toutes (le jazz sous l’Occupation est la spécialité de cet historien) la légende des Zazous, de Paris mais aussi de Bruxelles, de Prague et même de Berlin.

On y croise, un peu comme dans une enquête, quelques sinistres personnages collaborationnistes, des zazous repentis, des zazous de Hambourg amateurs de jazz Hot et qui crient donc « Heil Hotler », Françoise Siefridt, zazou protestataire qui porta une étoile marquée « Papou » à Saint-Michel en juin 42 lors de la promulgation du décret sur le port de l’étoile jaune pour les Juifs ; on y croise aussi Boris Vian, Charles Trenet…

Les Zazous n’étaient finalement pas si nombreux ; voyants certes, mais pas si appréciés que ça non plus par les tenants du jazz qui les voyaient comme des auditeurs mal éduqués, ne comprenant rien au « vrai » jazz et qui venaient en groupe aux concerts pour embrouiller la soirée.

Gérard Régnier, avec une minutie très documentée, peint cette petite histoire dans la grande et, tout en leur rendant le rôle quasi insignifiant qu’ils avaient sur le plan historique, donne à ces Zazous des lettres de noblesse en les rendant vraiment sympathiques.

On reliera cet ouvrage à celui de Bruno Giner et Élise Petit : Entartete Musik : musiques interdites sous le IIIe Reich qui documente également cette période trouble sur le plan musical.