Chronique

Glenn Ferris « Pentessence » Quintet

Skin Me !

Glenn Ferris (tb), Jean-Michel Cabrol (ts), Philippe Milanta (p), Bruno Rousselet (b), Jeff Boudreaux (d)

Label / Distribution : Naive

Quand le plus américain des trombonistes parisiens part à la recherche de la « substantifique moelle », on est de l’expédition… D’autant plus que pour son parcours vers l’essentiel, Glenn Ferris a mis tous les atouts de son côté.

Commençons par les mots : « Pentessence » Quintet, subtil mélange de racines grecques et latines, c’est l’esprit, et Skin Me !, l’épiderme mis à nu, c’est la chair. Les deux ? C’est le jazz…

Et maintenant, place aux acteurs. La quête de « l’essentiel-jazz » passe d’abord par le fameux feeling. Et quoi de plus ancré dans le feeling du jazz que deux soufflants et un trio rythmique ? Après, il faut être in the groove, ce ciment qui permet aux musiciens d’être sur la même longueur d’onde. Pour cela, le tromboniste s’est entouré de compagnons qu’il connaît bien et qui sont rompus à son jeu éloquent et lyrique. Enfin, le pèlerin devra aussi connaître ses scores, et là, Glenn Ferris s’aventure sur un chemin balisé, puisqu’il a choisi des compositions personnelles, pour la plupart déjà enregistrées avec d’autres groupes, auxquelles il a ajouté quelques saucissons comme « Saint James Infirmary », magnifique standard traditionnel, plus deux chansons, également populaires : « Femmes je vous aime » de Julien Clerc et « Black Trombone » de Serge Gainsbourg.

Pour finir, parlons musique. Droit au but, comme il se doit. Des belles mélodies, des variations aussi bien élevées qu’enlevées, un couple contrebasse-batterie qui garde jalousement la tension, un ténor fidèle à son leader, un pianiste qui pimente à bon escient les plats de résistance, et un trombone… séduisant à souhait.

Si les qualités de Skin Me ! justifient que l’Académie du Jazz lui ait décerné le prix du meilleur disque de l’année 2004, on pourrait juste lui faire un léger reproche : il manque ce grain de folie qui nous aurait réellement permis d’atteindre l’éther…