Chronique

Guinga

Noturno Copacabana

Guinga (g, voc) ; Jorge Helder (b) ; Carlos Malta (fl) ; Paulo Sergio Santos (cl) ; Leila Pinheiro (voc)…

Dans la planète musicale brésilienne, Guinga est à part ; aux antipodes de la vague
mi-électro mi-bossa représentée notamment par Bebel Gilberto et Cibelle, mais tout aussi éloigné des standards de Jobim, Baden Powell et autres Vinicius de Moraes. On ne trouve aucun morceau des grands maîtres sur ce disque ; Guinga est avant tout un compositeur et toutes les pièces sont signées de sa main.

On reconnaît ici toute la richesse harmonique et mélodique de la musique brésilienne (« Noturno Copacabana », « O Silêncio de Lara ») mais également de brillants arrangements de cuivres et de bois aux multiples sonorités : l’introduction de « Garoa e Maresia » évoque la musique contemporaine, tandis que le final de « Abluesado » rappelle une improbable ballade des années folles. Les morceaux plus classiques, notamment les sambas, sont toujours l’occasion d’échanges virevoltants et humoristiques entre instruments, tels que l’ouverture osée de « Para Jackson et Almira » où apparaissent successivement dans le silence plusieurs flûtes de différentes tonalités. Par ailleurs, la clarinette omniprésente apporte une douceur et une mélancolie souvent inhabituelles dans la musique brésilienne. Enfin, l’humble Guinga se met fréquemment en retrait derrière la richesse et la polyphonie des morceaux, mais quelques (trop) rares occasions permettent néanmoins de distinguer sa virtuosité (« Dichavado ») et sa finesse de jeu à la guitare (« Garoa E Maresia »).

A l’image de son auteur, ce disque mérite donc d’être découvert, telle une oeuvre très personnelle qui révèle une facette du Brésil injustement méconnue, à l’opposé de toute visée commerciale.