Chronique

Hilario Rodeiro Quinteto

Pausa

Juan De Diego (tp, flh), Eneko Diéguez (as), Julen Izarra (ts, ss), Kike Arza (b), Hilario Rodeiro (d).

Label / Distribution : Errabal Jazz

« Para Ti » résume bien l’ambiance teintée de nostalgie qui se propage dans Pausa, troisième album en leader du batteur Hilario Rodeiro. La photo qu’il a réalisée et qui orne la pochette du disque représente une gare désaffectée, vestige d’une époque révolue. Le choix de l’instrumentation du quintet ne privilégie pas la facilité, aucun instrument harmonique, deux saxophonistes et un trompettiste se chargent de répondre à la contrebasse et à la batterie.

La recherche d’alliages sonores et la place dévolue aux solistes parcourent les dix plages où Hilario Rodeiro mène la danse en faisant défiler ses nombreuses constructions rythmiques. Né en 1981 à Saint-Jacques-de-Compostelle, ce batteur se partage entre sa Galicie natale, la Catalogne où il collabore avec Alexander Reichardt et le Pays Basque qui le voit participer à The New Jazz Collective. Influencé par son professeur renommé Jorge Rossy, il a conservé un attrait particulier pour la musique traditionnelle qui se ressent dans ses compositions.

Les phrasés brumeux installés par les cuivres dans « Pausa Para Mirar Dentro Dun » font immanquablement songer à l’alboka, cet instrument à vent qui est toujours utilisé au Pays basque et dont la sonorité est similaire à celle de la cornemuse. « Ao Quedar Sin Verbas » fascine par la construction intense procurée par la contrebasse de Kike Arza qui, à seulement dix-neuf ans, se révèle être à la hauteur de ses ainés. « Si Me Tuveras Cariño / Pausa Para Mirar Fóra », dont la sobriété de la conception fait ressurgir une dualité stylistique entre les saxophones d’Eneko Diéguez et de Julen Izarra, explore les tréfonds de l’âme. Le choix des notes du trompettiste Juan De Diego s’avère toujours judicieux à l’image de son intervention étincelante dans « Perdoa ».

Profondément inspiré, Hilario Rodeiro fait parler ses toms et ses cymbales avec un sens aigu de la respiration rythmique, le contre-chant qu’il impose à ses partenaires musicaux dans « No Espello » illustre son habileté. Pausa résonne d’une multiplicité d’influences, les improvisations construites sur un canevas traditionnel débouchent sur une élégante modernité.