Chronique

Afifi, Beresford & Khimasia Morgan

bee Reiki

Faradena Afifi (alto, vl, voc), Steve Beresford (p, elec, toys), Paul Khimasia Morgan (body g, elec)

Label / Distribution : Discus Music

Si le reiki demeure une approche holistique d’origine japonaise, ce disque qui s’ouvre sur « Sad, bedraggled bee lies in a puddle » énonce une incantation de Faradena Afifi qui précède l’adjonction de micro-tonalités subrepticement intégrées. L’espace temps se joue des sons de Steve Beresford et son instrumentation électronique qui épouse les susurrations de Paul Khimasia Morgan.

« Move the bee into sunlight », déplacez l’abeille au soleil : ces interactions naturalistes où la musique tend à communier avec des sons primitifs se délacent pour annoncer le superbe « I wonder if Reiki might help ? ». Allez savoir si le reiki pourra être d’un quelconque secours pour l’insecte. Une chose est certaine : l’apparition du violon rappelle l’unicité des rythmes ancestraux et de la biodiversité. L’électronique rassemble les différents aspects de la nature dans un espace réduit, quintessence même de la vie. La promenade se fait au gré des vocabulaires planétaires, un soupçon d’Asie s’immisce dans « The bee wiggles its white, furry bottom », l’atonalité du violon y est suspendue au sommet des ponctuations du piano. « Waggle Dance » verse dans l’univers avant-gardiste cher à Steve Beresford depuis ses rencontres prolifiques avec Derek Bailey ou David Toop.

À l’origine de ce projet, des connexions téléphoniques durant la pandémie, puis des improvisations sur la plateforme Zoom entre Steve Beresford et Paul Khimasia Morgan. L’un se sert d’un IPad installé dans le piano et l’autre expérimente diverses configurations électroniques dont des hauts parleurs hi-fi dirigés vers un ordinateur portable. Désormais, Faradena Afifi a rejoint le duo en y apportant ses fragrances qui aboutissent à une exaltation magnétique dans le dépouillé « Flksngr ».

Enregistrés en un seul jour par Syd Kemp, ces petits joyaux témoignent d’une fraîcheur d’interprétation unique et soulignent malicieusement l’interdépendance entre l’humanité et la précieuse abeille.

par Mario Borroni // Publié le 12 août 2024
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