Chronique

Hugo Lippi

Reflections in B

Hugo Lippi (g)

Label / Distribution : Autoproduction

L’album solo est à coup sûr une étape importante dans la carrière d’un musicien et c’est d’autant plus vrai que les enregistrements solo de guitare électrique – l’instrument ne se prête pas au fingerstyle – ne sont pas légion. Il y a bien entendu quelques antécédents célèbres, Pat Metheny en tête par exemple, ou encore Mikkel Ploug lors du confinement de 2019, mais ce genre de configuration reste marginale. Très certainement parce qu’il s’agit d’une démarche sans filet de sécurité. En effet, d’une part, le soliste ne sera pas porté par le groupe, d’autre part, il doit se dévoiler entièrement. Or se dévêtir devant les autres n’est pas chose facile.

Hugo Lippi s’est ainsi jeté à l’eau et il a très bien fait puisque Reflections in B sonne particulièrement bien. Il n’y a rien de spectaculaire, pas de signe ostentatoire, de chorus démoniaque au son saturé, et cette humilité participe à la réussite de l’album. Le guitariste nous ouvre son for intérieur et, au gré des dix morceaux qui composent l’album, on perçoit aisément la générosité et le partage. On retrouve nombre de thèmes qui nous sont familiers dont « A Child is Born », « La Ballade de Johnny Jane » ou encore le célébrissime « Wuthering Heights » et, si on ne compare pas avec la version initiale – l’orchestration et le caractère instrumental ne s’y prêtent pas – on savoure la manière avec laquelle Hugo Lippi amène les thèmes, les articule avec des développements… N’est-ce pas là la définition d’un arrangeur inspiré ? En tout cas, c’est tout cela qu’il faut aller chercher dans ce disque.