Chronique

Michel Portal, Richard Héry, Xavier Tribolet, quatuor Ébène

Eternal Stories

Pierre Colombet (v), Gabriel Le Magadure (v), Adrien Boisseau (alto, v), Raphaël Merlin (cello), Michel Portal (cl, clb, bandonéon), Richard Héry (d, perc), Xavier Tribolet (clav, p)

Label / Distribution : Warner Bros.

Depuis près de 20 ans après sa création au conservatoire de Boulogne-Billancourt, le quatuor Ébène a habitué celles et ceux qui le suivent à des projets qui sortent de la musique classique stricto sensu. Ils avaient notamment signé en 2014 Brazil dans lequel on entendait Bernard Lavilliers, Mino Cinelu, Stacey Kent et un répertoire qui incluait Wayne Shorter ou encore Hermeto Pascoal. C’est dire si ce quatuor de cordes a le souci de marier les genres. Cette fois c’est avec un très grand monsieur de la musique des XXe et XXIe s. qu’ils partagent ces Eternal Stories puisque c’est Michel Portal qui apporte ses clarinettes et son bandonéon. On retrouve avec toujours beaucoup d’enthousiasme le clarinettiste français qui depuis plus de cinquante ans écume la musique sous toutes ses formes. Et surtout les plus belles.

On notera, hormis quatre compositions de Michel Portal ainsi que celles du quatuor, trois reprises d’Astor Piazzolla. Les quatre d’Ébène avaient déjà repris « Libertango » sur Brazil, tout comme Portal l’avait fait sur Blow Up avec Richard Galliano. On imagine donc très volontiers que tout ce monde s’est retrouvé autour du père du New Tango. Mais pas que… car on croise aussi des envolées improvisées à la clarinette. C’est notamment le cas sur « Judy Garland » ou encore « Élucubration », une composition de Xavier Tribolet, où le feutre de la clarinette s’enivre.

L’album se clôt sur « It Was Nice Living Here » d’Adrien Boisseau. L’esthétique est au noir, à la décrépitude, à la ruine et à l’étiolement. Une chute en somme, très belle au demeurant car profonde et poignante.