
I Like To Sleep
Bedmonster’s Groove
Amund Storløkken Åse (vib), Nicolas Leirtrø (g), Øyvind Leite (d).
Label / Distribution : All Good Clean Records
S’il existe un groupe qui vaut le détour du côté d’Albuquerque, qui se nomme Sleep et qui ne fait pas dans le second degré tant il porte ce nom comme une injonction à l’assoupissement, I Like To Sleep se situe quant à lui dans un autre registre, disons plus nuancé. Le nom du groupe est directement issu d’une citation de Thelonious Monk : « I like to sleep. There is no set time of day for sleep. You sleep when you’re tired and that’s all there is to it ». [1] La comparaison avec Monk s’arrête là, musicalement de surcroît.
Le trio norvégien sort son quatrième album, qu’on ne peut pas plus lui reprocher d’être une redite des précédents que de s’en éloigner. La raison est que le champ musical de I Like To Sleep s’étend à perte de vue. Et qu’il a su en tirer profit dès le premier disque Bedmonster. Avec Bedmonster’s Groove (le monstre sous le lit semble donc être un thème phare), la musique apparaît élastique, protéiforme, plus extensible encore que par le passé. Une souplesse acquise après des années de pratique de contorsions musicales, et qui permet d’aller plus vite à l’essentiel. Le sujet est à ce point maîtrisé qu’en 35 minutes l’affaire est pliée et laisse derrière elle l’impression que rien ne manque.
Le socle d’influences issues du jazz et du rock progressif des années 70 demeure, mais le traitement sonore est bien ancré dans son époque. On peut parler alors d’expérimentation sur une base plutôt balisée et reconnue, et la recette fonctionne. Servie par trois musiciens virtuoses, la musique de Bedmonster’s Groove parvient à dégager une simplicité de ses structures pourtant touffues. Si bien qu’on ne perd pas une miette des riches propositions que contiennent ses sept titres qui consolident l’intégralité du répertoire du trio. On l’appréhende comme un bloc, une sorte de monolithe grandissant à chaque nouvel album. Une matière solide et délicieusement addictive.