Chronique

Alan Braufman

The Fire Still Burns

Alan Braufman (as), Cooper Moore (p), James Brandon Lewis (ts), Ken Filiano (b), Bass Andrew Drury (dms) + Michael Wimberly (perc)

Label / Distribution : Valley of Search

En 1975, Alan Braufman sort Valley of March (India Navigation). L’album devenu culte et introuvable est remasterisé et réédité en 2018 sous l’impulsion du neveu du saxophoniste, Nabil Ayers. Ce dernier a ensuite exhumé l’enregistrement d’un concert de son oncle en duo avec Cooper Moore, jamais paru à ce jour, Live at WKCR May 22, 1972. La réédition d’un disque qui s’inscrit dans un renouveau du spiritual jazz (Kamasi Washington, Maisha) a naturellement soufflé l’idée d’un nouvel album. Voici donc, 45 ans après Valley of March, le second disque d’Alan Braufman, The Fire Still Burns.

Il va sans dire que le musicien n’est pas resté inactif au cours de ces décennies, puisqu’il a joué aux côtés de Carla Bley ou Philip Glass, et qu’il a également sorti quelques disques sous le nom d’Alan Michael. Mais The Fire Still Burns est bien le second album du saxophoniste sous son nom. De plus, il y a une continuité qui ravive l’esprit de Valley of March. Toujours à la flûte et au saxophone alto, Alan Braufman retrouve Cooper Moore pour ce second disque et Ken Filiano tient la contrebasse. Trois maîtres du genre auxquels se joignent deux figures montantes de la scène new-yorkaise, James Brandon Lewis au saxophone ténor et Andrew Drury à la batterie. Sans oublier Michael Wimberly qui tient les percussions sur deux titres.

La musique de The Fire Still Burns nous saisit dès les premières notes de « Sunrise », qui dépose ses mélodies sur une rythmique en ébullition. Des morceaux comme « Morning Bazaar », « Home » ou « City Nights » installent un groove aux ramifications multiples, faites d’afrobeat, de hip-hop ou de soul music. La rage de « No Floor No Ceiling » ou de « Creation » croise les intentions plus tranquilles de « Alone Again » et le titre éponyme projette un blues très expressif.

Quelle que soit la manière de faire, l’âme des titres réside dans les mélodies toujours prégnantes, jouées par des personnalités différentes mais qui conjuguent leur générosité. Les morceaux ne s’éternisent pas, il y a comme une idée d’urgence qui se dégage de cette musique plutôt directe. The Fire Still Burns est bel et bien réalisé dans l’élan de Valley of March, mais sans jamais le répéter. Lorsque l’esprit d’une musique jaillit, il n’a que faire du temps.