Scènes

Jazzèbre, toujours inattendu

Il est des festivals qui misent tout sur les stars du jazz qui font le bonheur des grands médias et attirent le public même si les tarifs sont élevés. Il est des festivals qui, en revanche, inventent, découvrent, permettent à chacun de surprendre et d’être surpris.


Il est des festivals qui misent tout ou presque sur les stars du jazz, les valeurs sûres dont les cachets sont à la hauteur de leur réputation, mais qui ont deux vertus : elles font le bonheur des grands médias (quand ils s’intéressent encore au jazz) et attirent le public même si les tarifs sont élevés. Ces musiciens nous déçoivent rarement. Qu’ils nous surprennent, qu’ils nous emportent dans de nouvelles contrées esthétiques, c’est plus rare.

Il est des festivals qui, en revanche, inventent, découvrent, permettent à chacun de surprendre et d’être surpris – au risque d’être déçu mais qu’importe, on ne conquiert pas un éblouissement sans quelque péril. C’est de ces festivals-là que Jazzèbre fait partie.

Sous ce nom un peu provocateur, iconoclaste - qui, en tout cas, suscite l’envie de s’aventurer, sur quelque chemin de traverse, il y a vingt-six ans que s’est établi le festival de jazz de Perpignan, à l’initiative de Yann Causse. Il aura lieu cette année du 24 septembre au 19 octobre. On pourra y entendre plus de vingt-cinq formations en une vingtaine de soirées. Quelques « vedettes » - Paolo Fresu et son Devil quartet, Omar Sosa en duo avec le percussionniste vénézuélien Gustavo Ovalles, Sylvain Luc et Daniel Mille, Sylvie Courvoisier et Mark Feldman, Melingo, Andy Emler ou Claude Barthélémy. Mais aussi Leïla Martial Magnetic Ensemble et le Supersonic Play Sun Ra de Thomas de Pourquery que l’on attend avec impatience. Et puis, quoi, qui encore ? Pas nécessairement des musiciens qui « font la une ». Et, c’est là, la plupart du temps que les bonheurs de Jazzèbre sont les plus intenses. Cette année on s’impatiente déjà, on attend Gerardo Jerez Le Cam, Alfred Vilayleck et le Puja trio, Rafaëlle Rinaudo à la harpe et Fanny Lasfargues à la basse pour Five 38, Raphaël Quenehen et Jérémie Piazza (Petite Vengeance), le trio Azafra ou encore Orioxy avec Yaël Miller (voix) et la deuxième harpiste du festival 2014, Julie Campiche.

On pourrait croire que c’est tout. Mais non ! Un des charmes de Jazzèbre, une de ses bonnes surprises, de celles qui se partagent et s’échangent, c’est il y aura aussi quatre pique-niques dans de magnifiques sites des Pyrénées-Orientales. Magnifiques par la nature, mais aussi par le poids de l’histoire et leurs monuments évocateurs, émouvants. On ira donc en cette saison 2014, à vélo, à pied, peut-être à cheval ou en voiture à Passa, Planèzes et Opoul. On y dégustera des vins du cru pour y danser le jazz des années 20-30, y écouter du « jazz tango », du boléro ou enfin la voix étonnante d’Andreas Schaerer, le leader d’Hildegard Lernt Fliegen.

Jazzèbre 2014 sera aussi une fête latine avec le nouveau duo Florent Pujuila - Bruno Chevillon aux prises avec l’hispanité, le trio argentin de Jerez le Cam (voir plus haut), ou La Antena, ce curieux film d’anticipation poétique venu là aussi d’Argentine ; et bien sûr Paolo Fresu, Omar Sosa et Melingo déjà cités. Il y aura aussi Simon Goubert et Ablaye Cissoko, une fanfare, Michael Wollny et Vincent Peirani, des films, des documentaires…. Enfin, si vous voulez tout savoir, c’est

Jazzèbre est de ces festivals qui, contrairement à beaucoup d’autres, se renouvellent d’année en année, se bonifient plus qu’ils ne s’affadissent, et nous réservent toujours d’heureux moments, inattendus et espérés.