Chronique

Jens Düppe

Anima

Jens Düppe (dms), Christian Ramond (b), Frederik Köster (tp), Lars Duppler (p)

Label / Distribution : Double Moon

Batteur reconnu en Allemagne où il a écumé tous les orchestres de jeunesse et en Belgique où sa collaboration avec le vibraphoniste Pascal Schumacher et le pianiste bulgare Dimitar Bodurov fait régulièrement le bonheur des clubs bruxellois, Jens Düppe n’a pas de ce côté-ci du Rhin la notoriété qu’il mérite ; un retard que peut combler Anima, enregistré en quartet. Accompagné de musiciens allemands remarquables, à commencer par Christian Ramond, le contrebassiste habituel de Theo Jörgensmann, il présente à la fois son approche coloriste et la finesse de son écriture. Ainsi, sur « Peanut Butter & Jelly » qui ouvre l’album, on est charmé par la clarté de l’ensemble et la capacité du leader à s’effacer au profit du trompettiste Frederik Köster, dont le timbre puissant et chaleureux fait parfois songer à Airelle Besson. C’est l’autre découverte de ce disque.

On le retrouve sur « Puzzle  » dans un registre différent, mais tout aussi pertinent  : tout est plus chambriste, le soufflant souligne le beau dialogue entre la contrebasse et le piano de Lars Duppler. La métaphore du puzzle est bien là : chaque soliste apporte sa part pour former un tout cohérent. Le batteur est parmi ses complices, soulignant le propos d’une rythmique faussement naïve jouée au glockenspiel. Même s’il tient souvent son rôle de rythmicien sobre et efficace (« 7 und 4  ») à l’aise dans une musique très écrite, il n’aime rien tant que de se mêler à la mélodie, voire de l’induire, dans une « Allemande  » où sa relation privilégiée avec le pianiste est la plus forte.

Düppe et Duppler se connaissent depuis longtemps. Le batteur joue dans le quartet du second, notamment sur l’album Rætur qui marque un certain attachement à l’Islande. Il se manifeste par un goût pour les grands espaces et une approche très nordique du jazz contemporain. Il ne faut cependant pas penser que Jens Düppe reste en retrait dans Anima. Même discret, il est omniprésent, et s’offre sur « Maestrale  » un solo d’une grande finesse qui mérite à lui seul qu’on suivre avec intérêt le devenir de ce musicien.