Chronique

Benoît Delbecq & François Houle

Because She Hoped

Benoît Delbecq (p), François Houle (cl)

Label / Distribution : Songlines

Benoît Delbecq et François Houle jouent ensemble depuis le milieu des années 1990 : en trio (avec Evan Parker pour La lumière des pierres), en quintet (pour Pursuit), mais le plus souvent en duo, pour ce tête-à-tête si particulier entre piano et clarinette.

Adeptes des techniques étendues, des recherches rythmiques, ces deux-là évoluent dans un même univers. Avec Because She Hoped, on retrouve le mélange de musiques qui leur est cher : musique de chambre et contemporaine, jazz, rythmes venus d’Afrique… le tout nimbé d’une étrangeté prenante. Mais le plus marquant reste ici le travail mélodique, plus prononcé que sur les précédents disques.

Les préparations de Delbecq apportent un élément essentiel à l’élaboration des rythmes et couleurs communes, et rappelle au passage que le piano est aussi un instrument percussif. A partir de cet apport François Houle tisse à la clarinette un discours enchanteur qui, simultanément, soulève des interrogations. Effets de bouches, de souffles, jeu de sonorités, tout est bon pour développer un discours unique qui se marie à merveille à celui du Français. Suivant les morceaux, la clarinette se love dans les lignes du piano, tantôt chantante, tantôt tranchante. Avec toujours l’impressionnante maîtrise qui a fait la réputation du Canadien.

Because She Hoped se compose d’une dizaine de morceaux enregistrés en studio - mis à part les deux derniers. Ainsi, le duo livre deux versions de son « Pee Wee » (hommage au clarinettiste américain) qui en déconstruisent le travail de création et recréation. Pas de structure accompagnement/solo ici, ou très peu, mais une musique basée sur un échange permanent. Une œuvre qui surprend par sa sérénité subtile, singulière, intime, telle que la permet la formule duo. Un très beau disque de ces deux musiciens à part qui continuent à se découvrir en nous offrant de grands moments de musique libre.