Chronique

Josselin Arhiman Trio

Exil

Josselin Arhiman (p), Alexis Coutureau (b), Pierre Chastel (dms)

Label / Distribution : Autoproduction

Nul ne sait où mène l’Exil du jeune pianiste Josselin Arhiman. Toujours est-il que ce court album quatre titres en trio présente un paysage d’étendues désertiques qui s’animent au moindre détail ; cela peut être le frottement boisé d’une percussion comme une fine ondée ou la profonde vibration des pizzicati de contrebasse. Tout est matière à mouvement. Originaire de Poitiers, Arhiman a notamment donné un solo remarqué au festival Vague de Jazz, dont le contrebassiste Alexis Coutureau est un habitué. Le jeune Vendéen, par ailleurs membre du collectif Pince-Oreilles, est le pivot discret d’un trio contemplatif. En compagnie du très coloriste batteur Pierre Chastel, véritable découverte de cette formation, il permet au pianiste de laisser libre cours à une grande sensibilité, traduite en peu de notes.

Sur « Cercle Vicieux », long morceau où le silence est, parfois, à peine troublé par les effleurements d’archet et les notes étouffées, on retrouve quelques influences à chercher du côté des trios d’Edouard Ferlet et Jean-Philippe Viret. Même douceur ouatée qui peut s’enflammer en un instant, sur une levée soudaine de batterie où une frappe sèche de la main gauche d’Arhiman qui se plaît à se donner de l’espace dans les notes graves, amples et tonitruantes. L’expérience en solo du pianiste est le moteur de cet Exil. En cela, on pense aussi à Jean-René Mourot, pour cette faculté de développer un univers au plus profond du piano sans pour autant brider l’imaginaire de ses comparses.

Bien sûr, Arhiman sait intimer une direction lorsque la discussion se fait plus vive (« Guitare Zéro »), mais chacun peut emprunter les routes sinueuses et abstraites de son choix, tant qu’elles mènent du silence à une parole commune. A ce titre, « Exil » et sa lente montée en puissance est certainement le morceau le plus intéressant de ce premier album. Enregistré en public au Carré Bleu de Poitiers, le trio de Josselin Arhiman, devenu depuis peu Trio Exil est une belle découverte.