On croyait avoir perdu de vue l’Occidentale de Fanfare. De 1997 à 2005, cette formation de quinze musiciens éclairait tant les festivals jazz que les manifestations de musique « Trad », et sa musique lorgnait tout autant vers le patrimoine breton et gascon que vers le jazz et le rock. L’aseptisation world y était tenue à bonne distance par le plaisir de jouer une musique libre dont l’identité même a toujours été le voyage et l’échange.
Après cinq ans de silence, la fanfare, désormais dirigée par le polyinstrumentiste Gwen Goulène et le clarinettiste Fred Pouget, revient sous forme allégée (9 intervenants : [1]) pour une musique toujours aussi festive qui semble, en Version Originale, s’être recentrée sur la danse. La teinte bretonne est bien plus présente, notamment sur un morceau comme « Le tour est gai » où les cornemuses et autres bombardes de Ronan Le Gourierec ou d’Anthony Masselin semblent avoir pris l’initiative. En se frottant aux folklores imaginaires, cette musique traditionnelle revisitée s’inscrit d’ailleurs plus durablement dans le jazz et abandonne notamment le reggae, sauf sur le très dispensable « A la campagne ». Cela permet à ces excellents musiciens de prendre plus de champ sur les morceaux purement traditionnels (« C’est une jeune fille »), où le dialogue entre Anne Colas, dépositaire de toutes les flûtes, et la clarinette basse de Fred Pouget est absolument réjouissant.
L’influence de musiciens clairement identifiés jazz tel le tromboniste - que l’on découvre également tubiste - Fidel Fourneyron n’est sans doute pas étrangère à cette évolution. Son travail de structuration rythmique et son jeu de tuba très à propos - le superbe « Gavotte in out », notamment -, ainsi que son entente avec les saxophones de Guillaume Schmidt donne une belle teinte à la fanfare. La participation de Jean-Marc Padovani sur le titre « One for Jules » est également symbolique d’une esthétique qui prend le jazz comme langage véhiculaire et centre de gravité ; la musique s’en trouve plus consistante et plus raffinée. L’occasion de prouver que si l’Occidentale est avant tout un groupe qui s’épanouit sur scène, il n’y a pas de bonne musique bretonnante sans une bonne « galette ».