Chronique

Kinga Głyk

Real Life

Kinga Głyk (elb), Casey Benjamin (aerophone), Brett Williams (kb), Julian Pollack (kb), Nicholas Semrad (kb), Michael League (kb, elg), Robert Searight (dms), Caleb McCampbell (kb)

Label / Distribution : Warner Bros.

Real Life, qui parait chez Warner, est le cinquième album de Kinga Głyk, une jeune bassiste polonaise (elle a aujourd’hui 27 ans) qu’on a pu découvrir parmi la douzaine de musiciens réunis par Michael League pour le concert de clôture (et création spéciale) de Nancy Jazz Pulsations au mois d’octobre dernier. Le leader de Snarky Puppy est d’ailleurs très présent sur ce disque dont il est le co-producteur. Il a aussi contribué au travail de composition de la plupart des titres et y joue de temps à autre des claviers ou de la guitare. Pour la petite histoire, on n’oubliera pas de mentionner la renommée acquise par Kinga Głyk sur internet (et Youtube pour ne pas le nommer) avec une série de reprises (Eric Clapton, Vulpeck, Bruno Mars…) qui lui ont valu des millions de vues.

Entourée d’une poignée de musiciens très ancrés dans la sphère du funk ou du r’n’b, Kinga Głyk déploie un répertoire de douze titres assez brefs qu’elle veut en connexion directe avec l’urgence dictée par notre monde consumériste et toutes les frustrations qu’il peut engendrer. Pas besoin de paroles pour transmettre ses idées, mais une énergie propulsée par une basse vigoureuse et centrale, sans que l’instrument n’accapare pour autant tout l’espace (« Je veux que la basse figure au centre du disque, mais pas qu’on pense qu’il s’agit seulement d’un album de bassiste »). Le résultat est conforme aux ambitions de la musicienne qui réussit à aligner une série de thèmes plutôt accrocheurs, portés par l’exécution sans faute d’un collectif très à son affaire dans un registre fusion easy listening qu’on peut se surprendre à fredonner. Rien de vraiment novateur dans cette musique sans aspérités, qu’on pressent spectaculaire lorsqu’elle est jouée sur scène, mais l’enthousiasme, la virtuosité joyeuse de la bassiste, voire la fraîcheur de son propos, peuvent retenir l’attention.

Assez proche finalement, tant dans l’esprit que dans la forme, de Snarky Puppy, Kinga Głyk réussit avec Real Life à composer un cocktail pétillant qu’on peut consommer sans modération. On n’y risque peut-être pas l’ivresse, mais au minimum une dose bienvenue de plaisir. Après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien.