Scènes

L’Amazing Keystone Big Band, préambule parisien de Jazz à Vienne

Ce big band de près de 20 musiciens qu’on reverra le 5 juillet au Théâtre antique est une belle machine à swing arrivée à maturation. Il a lancé la semaine parisienne de Jazz à Vienne au Jazz-Club Lionel Hampton le lundi 9 mai 2011.


Ce big band de près de 20 musiciens qu’on reverra le 5 juillet au Théâtre antique est une belle machine à swing arrivée à maturation. Il a lancé la semaine parisienne de Jazz à Vienne au Jazz-Club Lionel Hampton le lundi 9 mai 2011.

Un tour de chauffe ?
Deux mois avant que ne démarre le festival, Jazz à Vienne a fait un tour des popotes à Paris, histoire de se rappeler au bon souvenir de tous et d’enfoncer un peu plus le clou : Jazz à Vienne reçoit avant tous les autres à peu près tous les musiciens et formations attendus sur les scènes européennes durant l’été. Il suffit pour s’en convaincre de relire le programme de juillet. On parle évidemment moins ici de Tom Jones que de Sonny Rollins, Hancock-Shorter-Miller, George Benson, Ahmad Jamal, les petits jeunes de Return To Forever, Dave Holland et quelques dizaines d’autres.

Pour la circonstance, tout a démarré au Jazz-Club Lionel Hampton de l’Hôtel Méridien avec The Amazing Keystone Big Band, qu’on retrouvera au Théâtre antique le mardi 5 juillet 2011 lors de la soirée « big band ». L’Amazing Keystone ? Près de vingt musiciens, plutôt jeunes et plutôt talentueux, qui ont fondé il y a près d’un an à Lyon ce grand orchestre respectueux des aînés et de la tradition mais qui y ajoute sa patte. 
Le résultat est réussi. Le choix des thèmes, le soin des arrangements, la distribution des solistes et la solidité de l’ensemble réussissent à fabriquer un big band à la belle cohésion. Attaques soutenues, tensions montantes entre les échappées et le peloton, entre les derniers de la classe et les premiers des pupitres, entre une rythmique parfaitement en place et les cuivres toujours plus présents.

Photo J.-C Pennec

Entre les congés payés, les heures sup’, les vies impossibles, la vie des conservatoires, la carrière de chacun et quelques autres impossibilités, faire vivre un big band n’est jamais chose aisée. Et c’est de plus en plus vrai. Pourtant, à écouter Bastien Ballaz, Fred Nardin et Jon Boutellier, on devine que, plus que les autres, ils ont été attentifs à tous les big bands qui ont fait les trente éditions de Jazz à Vienne. Américains, européens ou autres (cf le Spok Frevo l’an dernier) avec leurs cohortes d’admirables solistes costumés, bien sages, qui nous ont immergés dans un jazz révéré. C’est sur ces traces-là que marche l’Amazing, privilégiant swing suave et sonorités fouillées, à travers des thèmes mûrement choisis et doctement répétés. Au Jazz Club ce soir-là, ils n’ont pas économisé leurs instruments, tenant trois sets, écumant tout un patrimoine de standards qu’ils se sont approprié. Il ne manque plus grand-chose (quelques répètes ?) pour déclencher les cataractes cuivrées, puissantes et instantanées dont les anciennes grandes machines américaines avaient le secret.

Ces jeunes musiciens, qui fêtaient la première année de cette formation, ne sont déjà plus des inconnus : à la trompette : Vincent Labarre, Thierry Seneau, David Enhco, Félicien Bouchot, au trombone, Bastien Ballaz, Lou Lecaudey, Loic Bachevillier et Sylvain Thomas, aux saxophones, Pierre Desassis, Kenny Jeanney, Pierre Pothin, Jon Boutellier et Ghyslain Regard, et, côté rythmique, Thibaud François (g), Fred Nardin (p), Patrick Maradan (b), et Romain Sarron (dms).

A Vienne, la soirée « big band » s’annonçant riche, leur temps sera sans doute compté. Ils feront la première partie de Rhoda Scott, elle-même très présente durant cette 31ème édition. On espère tout de même qu’avant la grande dame, ils auront pu triturer quelques thèmes en toute « intimité ».