Scènes

Jazz à Vienne 2008 démarre

Un mélange savant d’où le jazz sort grand vainqueur…


Une programmation somptueuse. Des concerts dans tous les sens. La présence des plus grandes figures du jazz contemporain. Un mélange savant d’où le jazz sort grand vainqueur… Le 28è « Jazz à Vienne » qui démarre vendredi déborde de rendez-vous hors pair.

À quoi reconnaît-on une grande édition de « Jazz à Vienne » ? Aux figures emblématiques qui vont s’y succéder, sans doute. A la juxtaposition réussie d’affiches et de concerts d’importance ? Beaucoup plus.

C’est le cas pour cette 28° édition qui s’annonce exemplaire pour de multiples raisons, et qui suit deux années de calme relatif. D’abord parce qu’en effet, tous les grands y seront, et premier d’entre eux, le très rare Sonny Rollins, qui revient toute une soirée donner une nouvelle démonstration de sa force suprême, ou plutôt de ce feu sacré qui l’anime. Parce qu’il n’accepte qu’une ou deux dates chaque été en Europe, ce nouveau passage à Vienne est certes, à lui seul, un événement. Mais la présence du grand ténor est d’autant plus précieuse qu’il ne sera pas l’arbre qui cache la forêt : au contraire, « ils » ou « elles » seront pratiquement tous là, comme pour l’escorter. Carla Bley, Chick Corea. Donald Brown. Herbie Hancock. Diana Krall. Maria Schneider. Et surtout, Wayne Shorter, suave, discret et constant.

Au petit jeu des comparatifs avec les grands rivaux de « Jazz à Vienne », on se convainc encore plus du tour de force réalisé par le festival. Car, au-delà de ces têtes d’affiche, le festival ne se contente pas de jouer sur une seule thématique (les sax, les pianistes, les big bands). Il semble au contraire les regrouper toutes, associant Claude Bolling – Lionel Hampton à Ornette Coleman en passant par la musique de Frank Zappa et Jean-Luc Ponty, très attendus. Bref, on descendra les siècles pour mieux les remonter sans pour autant se trouver face à un insipide patchwork.

Mais même si le blues sera évidemment présent avec Buddy Guy, cette 28è édition sonne un peu comme une revanche du jazz sur plusieurs années de vaches maigres ou trop bien rangées. Là se lit sans doute la patte de Jean-Paul Boutellier, directeur artistique et fondateur du festival et de son complice Jean-Pierre Vignola. D’avoir donné au festival une densité qui, de fait, impose d’ores et déjà cette édition comme l’une des plus prometteuses. Car, entre les lignes, il faudra être sans cesse attentifs pour ne pas louper un Rosario Giulani en quintet, escorté de Flavio Boltro, ou pour apprécier à sa juste valeur Stefano di Battista, dont certaines prestations à Vienne résonnent encore à nos oreilles, Ici, les leaders auraient pu échanger leur costume avec ceux qui les accompagnent sur scène, d’un Dave Holland à un Chris Potter et pas mal d’autres.

Si l’on en oublie la soul, l’Afrique ou la musique brésilienne, c’est pour la garder pour la fin - ou le début : tout démarre vendredi 27 juin avec « Still Black, Still Proud », étonnant retour vers la musique de James Brown mis en route par Pee Wee Ellis et Fred Wesley. Si Etta James a dû déclarer forfait pour raisons de santé (lourds regrets), en revanche, Roberta Flack, qui la remplace, est attendue avec impatience. Côté Brésil, la rencontre des Belmondo brothers avec Milton Nascimento peut déjà s’apprécier sur le disque du même nom. Pour couronner le tout, la dernière soirée – celle du 11 et non du 13 juillet - s’annonce aussi de toute beauté : outre Claude Bolling, qui revient avec Dany Doriz sur Lionel Hampton, est attendu le Big 3 Palladium Orchestra qui vaut largement le détour quand il s’approprie la musique de Tito Puente. Enfin, on retrouvera cette nuit-là l’attachante Stacey Kent que nul n’a oublié lors de son précédent passage ici, sous la voûte étoilée.

Bref, fort de ce marathon musical, et sans même qu’on évoque le programme des scènes qui bordent le Théâtre antique (voir ci-dessous), « Jazz à Vienne » peut dérouler, tranquille, son édition 2008.


LES AUTRES SCENES DE JAZZ A VIENNE

Club de Minuit, Cybèle, bar du Radisson au « Crayon », Jazz Mix, la Tente à Bœuf ou les Musaïques… le festival se déroule autant à l’extérieur qu’à l’intérieur du Théâtre antique. Qui plus est, toutes ces scènes sont en accès libre.

C’est ce qui explique aussi que l’on peut être un excellent festivalier sans assister forcément le soir aux concerts du Théâtre. Chaque jour, de 16 heures à 3 ou 4 heures du matin, de multiples scènes se relaient ou se chevauchent à Vienne :

  • A 16 heures à Cybèle, « Jazz Band »
    Sur scène, des big bands du monde entier, en provenance du monde entier et surtout des universités américaines, anglaises ou autres, reprennent à leur compte mille standards du patrimoine.
    (Du lundi au jeudi de 16 H à 20 H)
  • A 16h30 à Saint-Romain-en-Gal : Les Musaïques
    Des concerts sur à Saint-Romain-en-Gal, sur le site de l’ancienne ville romaine où se trouve aujourd’hui le musée de la Mosaïque. Le 3, il s’agira d’une lecture + piano par Philippe Morier-Genoud de textes de Bernard Simeone. Le 4 juillet, invitation à un concert parfumé concocté par Laurent Assoulen, pianiste – compositeur. Le 5 juillet enfin, « A blues toutes » avec le Julien Brunetaud Trio.
    (Concerts le jeudi 3, vendredi 4 et samedi 5, au musée).
  • A 17 H 30 et 19 H : Le Rezzo
    Ce sera la quatrième édition de ce festival dans le festival, qui voit 12 formations en découdre ensemble jusqu’à la nomination du vainqueur. Les 12 ne sont pas n’importe qui puisque déjà sélectionnées par leur région d’origine pour participer à ce concours. Pour des raisons pratiques, les concerts ont été concentrés sur les deux week-end à raison de deux chaque jour.
    (Le vendredi à 17 H 30 et 19 H, le samedi à 15 H 30 et 17 H et le dimanche à 16 H 30 et 18 heures).
  • A 19 heures au Radisson « Crayon » de Lyon : Le Ciel de Lyon
    « Jazz à Vienne » sans quitter Lyon et en tutoyant les étoiles si le temps se dégage au 32 ° étage de la tour du Crayon.
    (Les 1, 3, 8 et 10 juillet à partir de 19 heures.
  • A 20 heures, la Tente à Bœuf à Cybèle
    Voilà 5 ans que cette scène s’est rajoutée au festival et rassemble ceux qui ne se rendent pas au théâtre antique. La fréquentent de nombreux musiciens qui en profitent pour improviser jams, concerts, rencontres de tous types.
    (Tous les soirs de 20 H à 23 H).
  • A 23 H 30 : Le Club de Minuit
    Il est arrivé que la programmation du Club de Minuit dépasse certains soirs, les spectacles vus au Théâtre antique. Le lieu est quasi idéal sauf si le temps se met au « chaud » : un petit théâtre à l’italienne qui transforme son « orchestre » en club de jazz. Intimité, convivialité et qualité sont au rendez-vous de cette scène installée durablement ici. En général, les concerts qui s’y déroulent sont en lien avec ceux du théâtre antique. Ce qui explique certains « bœufs » mémorables ou des passages rares (Michel Perez).
    (Tous les soirs sauf les dimanches et le 11 juillet)
  • A Minuit : le Jazz Mix / Magic Mirror.
    On démarrera fort dès le 27 juin avec « Bibi Tanga et le Professeur Inlassable » + la guitare de Juan Rozoff. La programmation de cette scène est assurée par Mezzo. On devrait en voir et en entendre de toutes les couleurs : même Stéphane Belmondo y fera un petit détour le 5 juillet.
    (Tous les soirs du lundi au samedi sauf le lundi 7 juillet. Ouverture à 23 H, concert à minuit. Près de l’Office du Tourisme, Cours Brillier).

Nos coups de cœur

Au Club de Minuit :

  • Sophie Alour Uncaged (mardi 1er juillet)
  • Pierre Christophe Trio invite Michèle Hendricks (samedi 5 juillet).
  • Steve Grossman Two Tenors Quintet (mardi 8 juillet)
  • Anat Cohen Quartet (mercredi 9 juillet).

(À suivre…)