Scènes

Le Sacre du Tympan & Fred Pallem


Un Sacre du Tympan en formation réduite sur la scène - trop petite quand même - du Cabaret Sauvage, pour la création de L’Homme-orchestre, un hommage au compositeur François de Roubaix, dont on ne connaît souvent pas le nom mais dont les musiques de films sont souvent devenues des tubes (La Scoumoune, Chapi Chapo, Adieu l’Ami, Le Vieux Fusil…)

La parenté avec la musique de Fred Pallem saute aux oreilles. Même goût de la ritournelle simplette sur une orchestration savante, même façon de moduler dix fois par mesure et surtout pas aux tons voisins, mêmes orchestrations faisant appel à des instruments non-conventionnels, même irrévérence harmonique. Les thèmes rassemblent emprunts sériels pas sérieux, musiquettes à deux balles et lignes de basse psychédéliques. Pallem s’éclate manifestement dans un registre pop-prog outrageusement vintage, Rémi Sciuto bidouille des synthés improbables, joue de la flûte, de la scie musicale et d’un ocarina en forme de canard jaune, Vincent Taeger plante des clous à la batterie avec une conviction toute militante : pour le bien de la cause. Trois musiciens au total pour dompter une impressionnante collection de claviers hors d’âge et, excusez du peu, un quatuor de trombones. Plus une chanteuse, Juliette Paquereau, très juste, pleine de charme, très pop anglaise.

Le concert est un peu comme une fraise tagada - le plus « second degré » des bonbons synthétiques : c’est régressif, les couleurs sont vives, ce n’est pas gastronomique mais ça fait saliver et ça donne envie d’en reprendre. Pourtant Fred Pallem, si chahuteur à l’ordinaire, paraît un peu bridé par l’admiration évidente qu’il porte au maître. Il en oublie d’apposer sa marque de fabrique sur une musique qui lui est, en fin de compte, peut-être trop familière.

François de Roubaix est mort à 36 ans dans un accident de plongée sous-marine. Curieuse coïncidence : demain, samedi 6, Jazz à la Villette avait programmé à 20h un concert d’EST, dont le leader Esbjörn Svensson a connu la même fin au printemps dernier. Le trio n’a pas été remplacé, et le festival a décidé de lui dédier cette édition.