

Liv Andrea Hauge Trio
Ville Blomster
Georgia Wartel Collins (b), August Glännestrand (dm), Liv Andrea Hauge (p).
Label / Distribution : Hubro
Parcimonieusement, Liv Andrea Hauge déroule un flot continu d’idées musicales qui conduisent sa musique vers de nouvelles contrées, sans jamais oublier les fondements du blues. La batterie d’August Glännestrand se lance dans l’aventure, bientôt suivie par la contrebasse de Georgia Wartel Collins, cette mécanique bien huilée se déplace calmement et sans appréhension, l’édifice est solide.
Les mélodies se succèdent, tournoyantes, aérées et Liv Andrea Hauge sublime la tradition du trio piano, contrebasse, batterie. Par cette ode à une formule inaltérable de l’histoire du jazz, des trouvailles étonnantes se font jour, les chemins dans lesquels la musique s’engage n’en deviennent que plus palpitants. « Gullregn » fait honneur à l’interaction musicale, cette ritournelle rejoint les inventions harmonieuses de Steve Kühn, la simplicité et l’allégresse s’y déploient. Aux aguets, August Glännestrand fait surgir une floraison sonore de ses percussions, il illumine « Istid » par ses découvertes. Tout l’art du contrepoint et de la science musicale suggéré par Georgia Wartel Collins à la contrebasse est véhiculé dans le délectable « Asta ». Plus qu’une interprète valeureuse, la pianiste aborde ses compositions avec un indéniable sens du raffinement.
L’énergie nécessaire à l’élaboration de cette musique ne saute jamais aux yeux, le trio a surpassé cela en faisant de la limpidité son principal mot d’ordre. Les séquences se succèdent magiquement, « Fri Flyt » dévoile des perles musicales qui révèlent, à mesure des écoutes, des saveurs onctueuses. Seul titre signé par les trois musicien·ne·s, « Du og jeg, baby » est en fait une improvisation tonique collective ; ce morceau s’éloigne alors des compositions signées par Andrea Liv Hauge. Par cet acte libérateur le trio démontre qu’il peut vagabonder sur des terrains meubles sans jamais perdre pied.
Ce disque ne renie jamais la tradition, son originalité tient à l’intégration de schémas inusités, comme dans le morceau final « Ødemarka » où l’archet de la contrebasse utilisé de manière expérimentale enveloppe les phrasés mélodiques du piano. Ville Blomster incarne parfaitement ce qu’est une musique magnétique.